vendredi 4 janvier 2008

Soller's Love




Il y a eu d'autres lettres, à Palerme, à Syracuse, à Catane ; Sollers en envoyait une par semaine, comme autrefois; et comme autrefois elles s'achevaient toutes par ce mot : Love, qui veut tout dire et ne signifie rien. Était-ce encore un mot d'amour, ou la plus banale des formules ? La tendresse de Sollers avait toujours été si discrète que je ne savais pas combien je pouvais prêter à sa discrétion. Autrefois, quand je lisais les phrases qu'il avait inventées pour moi, je retrouvai ses bras, sa bouche fumante : était-ce sa faute ou la mienne si elles ne me réchauffaient plus ? Le soleil de Sicile grillait ma peau, mais au dedans de moi il faisait toujours froid. Je m'asseyais dans ma véranda,u je me couchais sur le sable, je regardais le ciel brûlant, et je fumais en frissonnant. Certains jours je détestais la mer; elle était monotone et infinie comme son absence; ses eaux étaient si bleues qu'elles me semblaient sucrées; je fermais les yeux ou je m'enfuyais.


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