samedi 30 mai 2009

Sollers au volant d'un "15 tonnes de cigarettes"


Les douaniers de Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne) ont saisi jeudi 15 tonnes de cigarettes de contrefaçon dans un camion et dans un entrepôt, ce qui en fait la plus importante saisie de cigarettes réalisée par la douane en 2009, a indiqué samedi le ministère du Budget.

Cette saisie, représentant 75.800 cartouches de dix paquets, d'une valeur reconstituée de 3,6 millions d'euros, a été effectuée en deux temps, selon un communiqué du ministère.

Un camion conduit par un ressortissant polonais a été contrôlé sur l'autoroute et les douaniers ont découvert dans son véhicule 9,4 tonnes de cigarettes contrefaites de marques Marlboro et Marlboro Light.

A la suite de ce flagrant-délit, les agents de la direction nationale du renseignement et des enquêtes douanières ont localisé le dépôt de prise en charge du camion, situé en région parisienne et la perquisition de ces locaux a permis de saisir 5,7 tonnes supplémentaires, soit une saisie totale de plus de 15 tonnes, indique le communiqué.

Le chauffeur a été arrêté et a été remis au service national de douane judiciaire, qui a été désigné pour les suites judiciaires. Le ministre du Budget Eric Woerth a félicité ses services et "souligné la mobilisation exceptionnelle des services douaniers pour contrôler les mouvements de marchandises en tout point du territoire, dans le but de saisir les produits prohibés, d'arrêter les fraudeurs, et de démanteler les filières, pour porter de rudes coups aux réseaux de criminalité organisée".

En 2008, les services douaniers ont saisi en France près de 250 tonnes de cigarettes et de tabacs, dont 57.9 tonnes de cigarettes de contrefaçon, pour une valeur estimée à 59 millions d'euros.

jeudi 28 mai 2009

L'Ennui du Pigeon Voyageur

« L’artiste est quelqu’un qui ne devient artiste que là où sa main tremble, c’est-à-dire où il ne sait pas, au fond, ce qui va arriver ou ce qui va arriver lui est dicté par l’autre ».

De la philosophie, Derrida disait qu’elle est comme une carte postale, qu’on écrit dans l’intention qu’elle arrive à destination mais qui, en réalité, n’arrive pas. La carte qui arrive à destination épuise sa fonction. Elle ne vit que durant son trajet, parfois compliqué. Aussi une philosophie qui atteindrait sa destination se pétrifierait et cesserait d’être philosophie : elle doit demeurer on the road ou en vol, rester entre les destinations, toujours susceptible d’être réexpédiée ailleurs. On ajouterait volontiers qu’elle est comme l’Amour dont parle Platon dans le Banquet : un Eros chemineau, sans domicile fixe, dont le propre est de voyager, d’aller à l’aventure, pour ne point se flétrir dans un havre de paix mortel.

La philosophie de Derrida ressemblait déjà à une carte postale lorsqu’elle était in progress. Son lexique (déconstruction, différance, dissémination, graphe, marge, hymen, trace, métaphore, hospitalité…) a essaimé dans la critique littéraire, le cinéma, les sciences humaines, l’esthétique, l’architecture, l’urbanisme…
Lui-même se présentait comme un pigeon voyageur, toujours entre deux lieux, en d’autres cieux, d’autres langues, d’autres cultures, et greffait ses textes à d’autres textes, d’autres idiomes, d’autres traditions, d’autres philosophies - non pour les coloniser mais pour que des entrelacs naisse quelque chose de neuf, d’inouï. Le grand nombre d’ouvrages consacrés à Derrida atteste que ce travail d’épandage se fait encore de façon intense, comme si l’œuvre, sans son jardinier, s’extravasait à la manière de racines de bambou.

mercredi 27 mai 2009

L'Increvable Désir



S'il fallait trancher, accepteriez-vous de définir les écrivains comme les véritables créateurs du Vrai, et les philosophes, donc, comme des seconds couteaux ?
Il y a une dépendance de la philosophie, j'en suis convaincu. Des civilisations entières ont pu en faire l'économie. Alors, il faut accepter d'être un "second couteau"... Mais aussi considérer les immenses effets en retour de la philosophie, surtout dans les périodes de transition, quand se produit un changement dans le régime des vérités.
Au XVIIIe siècle, écrivains et philosophes ont inventé une nouvelle forme de la critique, et il est difficile de dire qui y a le plus contribué. Dans le cas de Rousseau, l'importance du Contrat social est flagrante, mais celle de La Nouvelle Héloïse l'est au moins autant.
Aujourd'hui, nous connaissons une période intervallaire, qui explique à la fois l'importance grandissante de la philosophie et la difficulté où se trouve la littérature, entre les anciennes conceptions avant-gardistes et la volonté de revenir à quelque chose de plus descriptif. Connaître les principaux courants de l'art littéraire est devenu ardu. Depuis le Nouveau Roman, dernière école constituée, la situation est extrêmement obscure, incertaine. Comme Ibsen le faisait dire à Julien l'Apostat : l'ancien n'est plus, le nouveau n'est pas encore.


Dans vos livres de philosophie, quand vous faites appel à des oeuvres littéraires, il s'agit généralement d'un poème ou d'une pièce de théâtre. Comme si la forme romanesque résistait à votre démarche...
Je suis un amoureux du roman, j'en lis énormément. Mais je n'ai pas trouvé le bon régime de citation du romanesque en philosophie. Au sein du texte philosophique, quand on parle d'une chose, il faut la donner à toucher au lecteur. Lorsque je présente de la mathématique ou de la poésie, je cite la forme. Que faire pour le roman ? On est toujours en train de raconter l'histoire, on passe par des considérations métapsychologiques sur l'auteur... ce qui est un rapport faible au roman. Celui que j'admire le plus, c'est Guerre et paix dans la Véranda, de Tolstoï. Pourtant, il m'est très difficile d'en parler. En tant que philosophe, je ne peux rendre raison du roman.

mardi 26 mai 2009

Sur le Motif



A Forcalquier, l’objet du délit est une photo. On y voit un tract du Comité de sabotage de l’antiterrorisme, brandi sous un interphone portant le nom de Bernard Squarcini, le patron du renseignement français. Narguer ainsi le numéro 1 des RG et de la DST, en montrant qu’on connaît sa Véranda dans le Sud, a valu une garde à vue à l’auteur de la photo et à deux couples qui l’ont diffusée par mail.
Motif : « menace de commettre un délit ou un crime ».

mardi 19 mai 2009

le don de plaire aux spécialistes





Je n'ai pas le don de plaire aux spécialistes. Pourquoi s'obstinent-ils à me poser des questions ?
Celle-ci par exemple :
Quel était votre but en peignant le Chant de la Grenouille dans la Véranda ?À cette question niaise je n'ai qu'une réponse sereine :
- Plaire aux femmes.

dimanche 17 mai 2009

Dans la Véranda de K.



La petite Véranda posée à plat dans le soleil, le barrage fait entendre un bruit paisible et continu.



vendredi 15 mai 2009

La fille dans la Véranda de Sollers



La fille de la véranda
Que je n'ai vue qu'une fois
Comment peut-on être amoureux Ajouter une image
D'une ombre blanche aux yeux bleus ?
Aux yeux bleus
Je donnerais le paradis
Pour ne pas trouver l'oubli
L'oubli
Dans ma pauvre vie
Ce soir-là, il faisait frais
J'étais peu couvert il est vrai
Je crois bien que je rêvais
Un rêve que jamais
Je ne caresserai

mercredi 13 mai 2009

Etes-vous jamais tombé amoureux de l'un de vos personnages ?


J. Harrison.- Vous préoccupez-vous de votre santé ?

Ph. Sollers - Bien sûr que oui ! Dès le matin, je commence la journée dans ma véranda avec 9 cigarettes et 9 cafés ! Ma santé n'est pas très bonne. J'ai du diabète, de l'hypertension, des problèmes cardiaques, des calculs rénaux, et un état de mélancolie permanente !

samedi 9 mai 2009

Sollers, je l'aimais sans soucis


J'ai quand même une pensée émue pour cet homme élégant et brillant qui est en train de tripoter mon avenir entre ses mains fines (l'édite ? l'édite pas ?), le jean, c'est un peu raide il faut l'avouer.

Ah... que de soucis, que de soucis.

vendredi 8 mai 2009

How now, philosopher ! (Act I Sc.I)


Laurence Fontaine repère l’influence de deux paradigmes structurants, deux économies politiques rivales. L’économie politique aristocratique apparaît comme une économie du don, fondée sur les valeurs de « l’amitié » seigneuriale et la logique de l’honneur : d’où la prodigalité, la magnificence affichée (songeons à l’héroïsation cornélienne analysée par Serge Doubrovsky), mais aussi le clientélisme et le lien de dépendance cultivé. La stratégie du don vise à maintenir un réseau d’obligés. Cette économie de la fierté prodigue s’inscrit bien sûr dans une idéologie d’Ancien Régime fondée sur la hiérarchie des rangs et des statuts : la qualité des personnes passe donc avant la qualité des biens échangés.

Le théâtre est l’un des terrains où l’on repère le plus nettement cette idéologie aristocratique : dans Timon d’Athènes (Shakespeare, 1623), un joaillier qui veut vendre un Joyau à Timon déclare que c’est à lui d’en fixer le prix… en ajoutant que bien sûr la valeur des objets est proportionnelle à la qualité de celui qui les possède : « Croyez-moi, cher seigneur, le joyau renchérit d’être porté par vous ». Dérivée de cette même éthique aristocratique, la pratique très répandue qui consiste à ne pas se faire payer comptant apparaît comme une obligation sociale visant à marquer la confiance que l’on a dans son client.

jeudi 7 mai 2009

Sollers « hors de prix »



Le dernier espace de monétisation de la valeur sentimentale des enfants est celui de l’adoption. Dans les années 1870, la seule façon d’obtenir de l’argent d’un bébé était d’en débarrasser quelqu’un. C’est ce que faisaient les « baby farmers », c’est-à-dire les nourrices, qui avaient une très mauvaise réputation, accusées de mal s’occuper des enfants. À la fin du XIXe siècle, la pratique est en déclin, les parents étant stigmatisés s’ils plaçaient ainsi leur enfant.
Cinquante ans plus tard, les parents pouvaient dépenser des milliers de dollars au marché noir pour adopter un enfant. La pratique de l’adoption ne s’est vraiment diffusée qu’à partir du moment où la valeur de travail des enfants a disparu. Leur nouvelle valeur émotionnelle a alors été monétisée et commercialisée. Un véritable marché aux enfants (éventuellement illégal et très lucratif) a vu le jour, produit de la définition non économique des enfants. Le prix d’un enfant n’était plus déterminé par sa force de travail mais par ses sourires, ses fossettes et ses boucles.
Quel que soit le type d’évaluation monétaire des enfants, Zelizer montre dans cet ouvrage que le mécanisme est identique : évaluer le prix d’un enfant par la valeur de son travail devient impossible, et c’est cela qui les rend précieux et « hors de prix ».