jeudi 31 décembre 2009

Les célébrations du Nouvel An ont débuté


Au nombre de pages, Sollers fait encore mieux que Dantec. Dans un volume de 900 pages, le grand prêtre de la collection «L'Infini» chez Gallimard a rassemblé tout un ensemble d'articles, d'entretiens et de critiques portant sur ses sujets de prédilection : Sade, Céline, Claudel, Joyce, Beauvoir, Orwell, Gracian, Rimbaud, Van Gogh, Jûnger, Cioran, Buffon, De Maistre, Flaubert… ses propres romans, avec un zeste de musique (Mozart, Bartoli, Martha Argerich…). Cela s'appelle Discours parfait (Gallimard). En toute modestie.

vendredi 25 décembre 2009

Ressuscité, ressuscité, dit Sollers



Ici, une scène précise avec Lila, il y a dix ans, à Rome. C’est le jour de Pâques, on est sur une terrasse, il fait très beau. On regarde la télé, le pape vient de terminer son discours traditionnel, bénédiction urbi et orbi, après le mot « ressuscité » proclamé dans toutes les langues. Ce show habituel m’intéresse et m’amuse, l’espace est plein de drapeaux et de fleurs, mais, à ma grande surprise, Lila s’agite soudain et entre en fureur contre ce théâtre. « Ressuscité, ressuscité, dit-elle, tu ne vas quand même pas me dire que tu crois à ces conneries ? » Je ne sais pas, moi, mon visage devait avoir une drôle d’expression, un air idiot ou béat, en tout cas une buée d’adhésion à la connerie en question. Sur le moment, je crois à une petite vague biliaire de Lila, mais non, c’est une vraie colère métaphysique, babines presque retroussées, narines pincées. Contre quoi ? Soutenez-moi, je m’évanouis : contre cette histoire de « résurrection ».

Je plaisante ? Mais non, pas du tout. Lila, à ce moment là, me soupçonne de croire à l’énorme blague de la résurrection finale des corps. Des corps en général, je n’en ai pas la moindre idée, et d’ailleurs cette perspective d’ensemble, avec jugement à la clé, me semble peu ragoûtante, mais du mien, après tout, pourquoi pas ? Ça l’ennuie d’avoir à mourir, mon corps, il ne se sent pas fait pour ça, mais il paraît que c’est une loi évidente et incontournable, ce dont je doute sourdement, et lui aussi. Pas même besoin d’un dieu pour ça, je ne conçois pas le destin de cette manière, c’est drôle.

Le plus curieux, dans les jours suivants, c’est l’insistance de Lila à revenir sur ce sujet impossible. Elle en reparle plusieurs fois, elle tourne autour, elle veut que je me prononce nettement contre cette folie. Ça la tourmente, ça l’obsède, et, bien entendu, je botte en touche, je la boucle, j’évite toute discussion (de quoi discuter, au fait ?), je change de conversation, ou bien je joue l’indifférence, je me range sans problème du côté de la raison, de la science, des preuves massives de l’Histoire, de ce qu’on voudra. Je redouble même de modestie, d’humilité, de résignation, d’humanisme, d’égalitarisme. Oui, il y a du nous ! Pauvres mortels ! Pauvres de nous ! Millénaires ! Squelettes ! Cendres ! Il fallait naître, chers frères et soeurs, il faut donc mourir. Et mourir à jamais, hein, pas de fables. Place aux suivants, en avant.

Mais c’est justement cette histoire de naissance qui préoccupe mon corps. Les corps humains, désormais, ça se fabrique à la chaîne, et la conception antérieure, même si elle continue à produire et à reproduire, devient de plus en plus décalée et bizarre, comme une vieille escroquerie montant en surface. Le « péché originel » ? Ah non ! vous n’allez pas nous ressortir ce vieux truc obscurantiste. Le Diable d’abord au travail dans les lits, puis dans les cliniques, les seringues, les laboratoires ? Letrafic d’embryons et de mères porteuses ? Le Serpent dans les sentiments ? Le poison dans l’amour ? Arrière, gousse d’ail, crucifix, vampire !

Pauvre Lila, elle perdait son temps avec moi. Elle s’est mariée peu après ces séances orageuses à Rome, et elle a eu, presque tout de suite, deux enfants. On se revoit de temps en temps, mais on s’évite. Mon corps ne pense plus rien d’elle, mais je la comprends. Comme d’autres bizarreries au cours du temps, son étincelante crise de nerfs m’a confirmé dans ma voie. Lila est un bon médecin, elle travaille sincèrement dans l’humanitaire. Moi je poursuis ma course.

mardi 22 décembre 2009

« facteur de haine et de désunion »



Ne faut-il pas parler d’identité nationale ?

BHL : On parle de ce qu’on veut. Mais dire que les gens ont, dans ce pays, un problème avec l’identité française est une escroquerie. Ils savent ce que c’est qu’être français. Ils le savent bien assez. Le savoir davantage tiendrait plus de l’asservissement que de la libération. Vous savez, les identités collectives doivent être légères et non pas étouffantes. Elles ne doivent pas enfermer le sujet dans un carcan irrespirable mais l’aider, au contraire, à respirer.

Peut-être qu’à certaines époques, la question s’est posée. De nos jours, pas. Ou alors, c’est qu’on monte en épingle des incidents isolés, des phénomènes marginaux. Seuls Mme Morano et M. Besson ressentent une crispation; je ne crois pas qu’elle existe dans l’immense majorité du corps collectif français. Et puis, enfin, ce débat est en train d’occulter la question cruciale: celle de l’identité européenne.

samedi 19 décembre 2009

Ségolène et Sollers (fume) au COP15




Ce sommet s'achève sur « une cruelle déception » due au « manque de courage et de volonté politique des chefs d'Etats », a condamné Ségolène Royal. « Mais nous ne pouvons pas en rester là. Une force citoyenne est née sur la question environnementale et sur l'aide aux pays pauvres». « C'est donc sur ce mouvement populaire et sur cette conscience planétaire que nous devons nous appuyer pour forcer les chefs d'Etat à prendre réellement leur responsabilité », conclut-elle.


Pascal Husting, directeur de Greenpeace France, c'est tout simplement un « désastre », et un «recul» par rapport à Kyoto, avec un projet d'accord ayant « la substance d'une brochure touristique ». Selon lui, « il n'y a plus aucune référence scientifique, pas de vision à long terme, et il n'y a qu'une série d'annonces de mesures nationales, totalement volontaires et que personne ne contrôlera, et qui ne seront de toutes manières pas à la hauteur des recommandations de la science ».
Lui aussi estime que «les coupables le savent bien, qui se sont vite enfuis en avion, chez eux, la honte au front», une allusion directe aux présidents américain et français, qui ont quitté Copenhague vendredi soir.

vendredi 18 décembre 2009

Olivier Adam fume "hors saison"



Il s'agit ici d'un roman profondément touchant, où, outre le thème récurrent de l'absence cher au romancier, il explore la question de la paternité au quotidien, de l'amour d'un père pour ses enfants meurtris et de son désarroi devant des questions sans réponses. C'est qu'Olivier Adam a ce talent immense de rendre ses lecteurs si proches de ses personnages qu'ils s'y attachent immédiatement. On trouvera également, servies par une langue impeccable, d'une netteté absolue, de superbes descriptions de la Côte d'Emeraude "hors saison" (titre initial du livre), avec ses tempêtes, ses ciels lumineux, son froid glacial, son humidité permanente, comme autant de métaphores de la douleur sourde des personnages.

mardi 1 décembre 2009

L'embaumeur Sollers

... Darrieussecq, Sollers, Roubaud, Queffélec, Garréta...

« Noguez est si attachant que je ne lui connais pas d'ennemis », jure Emmanuel Pierrat. Pas de défauts non plus ? « Un seul, il fréquente trop Sollers », plaisante Dominique Gaultier. Enfin, ces temps-ci, beaucoup moins. Amour noir était paru dans la collection de Sollers, L'infini, chez Gallimard. Sept ans après (Noguez n'ayant pas publié d'autre roman entre-temps), L'embaumeur lui était aussi destiné. Mais le manuscrit est revenu à l'auteur, avec une lettre signée de l'éditeur Antoine Gallimard, annonçant qu'il renonçait à publier l'ouvrage, mais qu'il resterait «attentif à tout manuscrit que vous voudriez me soumettre».

Noguez répugne à parler de cette histoire mais on sent bien qu'il est blessé - et on le comprend. «Honnêtement, je ne m'attendais pas à ça. C'est le genre de formule qu'on réserve aux débutants, non ?» L'ami Sorin a récupéré le manuscrit pour Fayard, mais le mal est fait. Noguez doute. Il peine à travailler à son prochain livre : Vingt choses qui vous rendent la vie impossible, qu'il destine au même éditeur (Payot) que Comment rater complètement sa vie en onze leçons (2002). Dominique Noguez aurait-il raté complètement sa vie ? « Je n'ai pas dit mon dernier mot», rassure-t-il. On espère bien.