samedi 31 mai 2008

Journée sans




Bientôt des images chocs sur les paquets de cigarettes ?


Selon un rapport remis à l'Institut national du cancer, les messages actuels seraient devenus inefficaces.
Des images chocs pourraient prochainement apparaître sur tous les paquets de cigarettes vendus en France. C'est en tout cas ce que préconise un rapport remis à l'Institut national du cancer (Inca) le 28 avril. «Les photos frappantes, accompagnées de texte ou pas, améliorent les connaissances des fumeurs sur les différents méfaits du tabac, affirme Karine Gallopel-Morvan, chercheuse en marketing social à l'université de Rennes et auteur de l'étude. Elles leur donnent envie d'arrêter ou les incitent à ne pas commencer.»

Le sujet est désormais entre les mains de Roselyne Bachelot qui doit annoncer une série de nouvelles mesures le 31 mai, à l'occasion de la Journée mondiale sans tabac. Après avoir banni la fumée de cigarette de tous les lieux publics le 1er janvier dernier, les pouvoirs publics cherchent de nouveaux leviers pour réduire le réservoir des fumeurs. Selon le dernier baromètre santé, 25 % des Français âgés de 12 à 75 ans fument régulièrement des cigarettes et 5 % occasionnellement.

En 2003, l'Union européenne a mis à la disposition de ses États membres une banque de 42 images, pouvant être apposées sur les paquets. Sous forme de dessins, de pictogrammes et de photos, elles représentent tantôt une plaie béante ou une bouche édentée, tantôt un bébé prématuré couché dans sa couveuse, tantôt un fœtus. Des messages de prévention écrits tels que «Continuez à fumer et vous risquez de perdre 14 années de vie» ou «Fumer provoque un vieillissement de la peau» , sont également suggérés.

Après avoir testé ces avertissements auprès d'un échantillon de Français, la chercheuse a extrait les quatorze visuels les plus efficaces. Selon le rapport remis à l'Inca, la photo d'une bouche édentée, digne d'un film d'horreur, est jugée «la plus marquante». Très percutante, l'image d'un homme à la gorge rongée par un cancer externe est celle qui fait le plus peur. Les sondés qualifient par ailleurs d'image «la plus crédible» une comparaison entre des poumons sains et des poumons malades, tandis qu'ils se sentent en priorité concernés par celle d'un enfant portant un masque respiratoire, ainsi légendée : «Protégez les enfants : ne leur faites pas respirer votre fumée.»

«Pour être efficace, il faut choisir une dizaine de visuels différents et cibler en fonction de l'âge et du sexe, précise Karine Gallopel-Morvan. Les femmes sont ainsi plus touchées par les informations sur la grossesse et la fertilité. Les hommes s'arrêtent, eux, plus volontiers sur les visuels abordant le thème de l'impuissance et des maladies graves.» Les jeunes semblent de leur côté angoissés par tout ce qui touche à l'esthétique.
Pour être remarqués, indique l'étude, les messages doivent être en couleur et couvrir 50 % de la surface du paquet.


lundi 26 mai 2008

Le journale du mois i



- « Parmi tant de disgrâces dont nous héritons, il faut bien reconnaître que la plus grande liberté d’esprit nous est laissée. À nous de ne pas en mesurer gravement. » (mai 2008)



- Au début des années 1990, Guy Debord sort de son héroïque clandestinité, publie ses livres chez Gallimard (où il a désormais ses Oeuvres compètes), et, le dernier volume de sa Correspondance le prouve (avril 2008)

dimanche 25 mai 2008

Mr Test



Test de Fagersollerströmil permet d'évaluer le degré de la dépendance à la nicotine

Combien de temps après votre réveil fumez-vous votre première cigarette ?-Dans les cinq minutes
-De 6 à 30 minutes
-De 31 à 60 minutes
-Plus de 60 minutes

Trouvez-vous difficile de vous abstenir de fumer dans les endroits où c'est interdit ?
-Oui
-Non

A quelle cigarette de la journée vous serait-il le plus difficile de renoncer ?
-La première
-N'importe quelle autre

Combien de cigarettes fumez-vous par jour ?-10 ou moins
-De 11 à 20
-De 21 à 30
-31 ou plus

Fumez-vous à un rythme plus soutenu le matin que l'après-midi ?-Oui
-Non

Fumez-vous même quand vous êtes si malade que vous devez rester au lit dans votre véranda presque toute la journée ?-Oui
-Non


jeudi 22 mai 2008

Philosopher


La vraie éloquence se moque de l'éloquence, la vraie morale se moque de la morale; c'est-à-dire que la morale du jugement se moque de la morale de l'esprit - qui est sans règles.
Car le jugement est celui à qui appartient le sentiment, comme les sciences appartiennent à l'esprit. La finesse est la part du jugement, la géométrie est celle de l'esprit.
Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher.




lundi 19 mai 2008

Dans le fumoir d'un pavillon de l'Hôpital Sainte-Anne, Chloé Delaume fume




Nous pouvons commencer. La carte s'avère fidèle au jeu original. Soit neuf pièces lisibles dans le sens des aiguilles d'une montre. Hall à midi. Véranda. Salle à manger. Cuisine. Grand Salon à six heures. Petit Salon. Bureau. Bibliothèque. Studio. La Véranda et le Petit Salon sont dotés d'un passage secret communiquant. Il en est de même pour la Cuisine et le Studio. NB1 : Dans certaines éditions, le Studio est appelé Salle de Billard. C'est plus pratique mais moins joli. NB2 : Il n'y a dans cet appartement aucune commodité ni chambre. Nombre de joueurs restent surpris face à cette option janséniste.

Il n'y a pas de cases, puisque sur vous le formatage a échoué. Pas de plateau à déplier, ni de pions à positionner. J'ai dit : vous aller jouer. Certainement pas vous divertir. Pas de cavalcades pièce en pièce, ni de bousculades aux couloirs. Non plus. J'ai précisé règles spéciales, ajouté jeu dénaturé. Je n'ai pas dit : grandeur nature. Il y a poignée de dés, mais qu'importe leur jet, il n'y a pas de hasard. Sachez le tous, chacun. Le hasard n'a jamais, jamais tenu de place dans votre destinée.

Je suis le Docteur Lenoir, vous êtes six et vous m'avez tué. On vous dit aliénés. C'est un fait entendu. On vous dit aliénés pour la simple raison qu'un être inadapté à la réalité ne peut faire corps avec. Vos organes sont poisseux d'un trop plein agonique, vos souffrances enflent tant en dodues Erynies, vous n'êtes plus recyclables, plus utiles à la greffe, vous n'êtes que des déchets dont la matrice sociale ne peut plus se repaître, il lui est impossible en vous de s'agiter, ses racines se contractent en anémone blessée orée pénétration.

Retrouvez les bonnes cartes, la bonne combinaison. Il vous reste huit pièces, le Studio ne compte pas, tenez-vous le pour dit. Il vous reste huit pièces, et puis le choix des armes. Observez bien la liste : six soit une pour chacun. Chandelier, revolver, corde, matraque, poignard et clef anglaise.

samedi 17 mai 2008

Voleur ou femme perdue ?


Ceux qui font des métiers infâmes, comme les voleurs, les femmes perdues, s'honorent de leurs crimes et regardent les honnêtes gens comme des dupes. La plupart des hommes, dans le fond du coeur, méprisent la vertu, peu la gloire.

vendredi 16 mai 2008

L'arpentage ou l'orfèvrerie ?



Combien de gens connaissent tous les livres et tous les auteurs, sont instruits de toutes les opinions et de tous les systèmes, qui sont incapables de discerner le vrai du faux, et d'apprécier ce qu'ils lisent ! Combien d'autres se plaignent qu'on n'écrit plus rien de raisonnable, et que tous les auteurs ne font que se répéter les uns les autres, qui, s'il paraissait un ouvrage original, non seulement ne l'approuveraient pas, mais seraient les premiers à le combattre, à en relever les défauts, et à se prévaloir contre lui des négligences qui pourraient s'y rencontrer ! Cette disposition trop ordinaire des esprits, l'espèce d'oubli dans lequel ont été ensevelis pendant longtemps de grands ouvrages, et l'injustice que d'assez beaux génies ont éprouvée de leurs contemporains, autorisent des hommes très médiocres à protester contre les jugements de leur siècle, et à attendre follement de la postérité l'estime refusée à leurs ouvrages. C'est cette même incapacité des lecteurs, c'est leur mauvais goût, leur avidité pour les bagatelles, qui enhardissent et multiplient jusqu'à l'excès les livres fades et les niaiseries littéraires. Si l'art de penser et d'écrire n'est plus qu'un métier mécanique, comme l'arpentage, ou l'orfèvrerie; si on n'y est plus engagé par le seul instinct du génie, mais par désœuvrement ou par intérêt; s'il y a sans comparaison plus de mauvais ouvriers dans cette profession que dans les autres, il faut s'en prendre à ceux qui soutiennent ces faibles artisans et leurs faibles ouvrages, en les lisant. Cependant, de même que le grand nombre des arts inutiles prouve et entretient la richesse des États puissants, peut-être aussi que cette foule d'auteurs et d'ouvrages frivoles, qui entretiennent le luxe et la paresse de l'esprit, prouvent, à tout prendre, qu'il y a aujourd'hui plus de lumières, plus de curiosité et plus d'esprit qu'autrefois parmi les hommes.

jeudi 15 mai 2008

Et hop !




Un homme qui veut rire, en dépit du bon sens, n'attend pas de trouver du ridicule pour le relever; il le cherche où il n'est pas, il en invente, et travestit tout pour cela. Quoiqu' il y ait peu de choses risibles dans ce monde, comme il y en a peu d'admirables, le rieur veut pourtant qu'on se moque des choses les plus ordinaires et les plus naturelles, et ne souffre point qu'on en traite aucune sérieusement; il ignore que le ridicule, dont il fait son fonds, ne peut tout au plus que servir d'amusement momentané à un homme raisonnable.

« Votre air moqueur est plutôt celui d'un satyre que d'un philosophe;... ce genre humain dont vous riez, c'est le monde entier avec qui vous vivez, c'est la société de vos amis, c'est votre famille, c'est vous-même... Si vous entriez dans un hôpital de blessés, ririez-vous de voir leurs blessures ?... Vous auriez honte de votre cruauté, si vous aviez ri d'un malheureux qui a la jambe coupée, et vous avez l'inhumanité de vous moquer du monde entier qui a perdu la raison !. .. 0 Démocrite, vous dites quelquefois des vérités; mais vous n'aimez rien, et le mal d' autrui vous réjouit. C'est n'aimer ni les hommes, ni la vertu qu'ils abandonnent. »

Voilà ce que je dirais à ceux qui rient, avec le charmant auteur des Dialogues. Je leur dirais encore : qu'il s'en faut de beaucoup que tout soit risible dans les hommes; que nous avons nos vertus et nos vérités, parmi beaucoup de vices et d'erreurs; que ce n'est pas une moindre folie de prendre tout en riant, que de prendre tout sérieusement; que tout ce que la nature a fait est à sa place, tel qu'il doit être, et qu'il est aussi sot d'en rire, que d'en pleurer. Que fera-t-il celui qui traite ainsi toutes choses en badinant ? S'il ne voit plus rien de sérieux, et qui vaille la peine qu'on s'en occupe, où seront ses plaisirs, où seront ses devoirs ? Il n'est plus propre ni aux affaires, ni à la politique, ni aux sciences et aux arts; il devient inutile à la société, et, en même temps, inutile à lui-même; car où prendra-t-il de quoi remplacer ce qu’il quitte ? qui lui donnera des choses plus estimables que celles qu’il dédaigne ? Pense-t-il s’élever au-dessus de la nature en la méprisant, et le malade, qui rit de la santé, en est-il plus sain ?


dimanche 11 mai 2008

Un grand gestionnaire de fonds




Hegel Sollers a toujours été pour moi une référence incontournable.

Aujourd'hui, même si l'on ne s'intéresse pas particulièrement à la philosophie, on s'aperçoit que l'expérience de la vérité comporte des aspects résolument "collectifs" et sociaux : les médias, la diffusion minutieuse de l'information, et même la publicité et la propagande... Ces aspects démontrent que la recherche et la connaissance de la vérité sont des phénomènes bien moins intimes et moins individuels qu'ils ne l'ont été dans les siècles passés. On ne peut plus concevoir l'homme de science comme un génie solitaire découvrant la loi de la gravitation en restant assis sous un pommier ou dans sa véranda : c'est de plus en plus un grand gestionnaire de fonds privés ou publics, de machines et de groupes de travail.

mardi 6 mai 2008

La Gavaltitude



PARIS (AFP) — Quatre ans que ses fans attendaient ça ! Quatre ans qu'Anna Gavalda n'avait rien publié ! Son nouveau roman, "La Consolante", est paru à la veille du Salon du livre, et en prime, Gavalda, en jean et en personne, est venue dédicacer son livre. La file d'attente, samedi, est presque exclusivement féminine. À l'exception de quelques couples venus faire la queue. C'est calme, silencieux. Très différent de la foule d'allumées, exubérantes, gothiques, qui se pressent quelques travées plus loin autour d'Amélie Nothomb.

Anna Gavalda, élégante jeune femme de 37 ans, reflets blonds dans les cheveux coupés courts, entame une séance de signature qui doit durer toute la journée. Posée, discrète, à l'image des lectrices qui patientent.
Philippine, 71 ans, assistante de direction, aime "sa manière, ses histoires". "Certains de ses personnages sont un peu des cas sociaux, on se reconnaît", dit-elle. "Elle parle du chômage, des difficultés de la vie, de l'isolement".
Philipette, 36 ans, au chômage, est venue de Soissons pour la voir. Elle a commencé avec "Ensemble, c'est tout", le best-sollers de Gavalda paru en 2004. "Mon copain me l'a conseillé parce qu'il voyait beaucoup de gens le lire dans le métro. Ça se lit tout seul. C'est vrai, le ton des gens, les mots qu'ils emploient... on se reconnaît dans les personnages", explique-t-elle.
Anna Gavalda, c'est l'histoire d'une prof de lettres dont le premier recueil de nouvelles a été refusé par douze éditeurs, avant que les éditions du Dilettante s'en emparent. En quelques mois, "Je voudrais que quelqu'un m'attende quelque part" (1999) se vend à plus de 200.000 exemplaires.

C'est le début du phénomène Gavalda. En 2002, "Je l'aimais", son premier roman, est en tête des ventes dès sa sortie. Et "Ensemble, c'est tout", deux ans plus tard, est un best-sollers mondial, traduit depuis en 38 langues. "Un best-long-sollers", corrige Claude Tarrène, directeur commercial au Dilettante : "C'est un genre gavaldien, le livre se vend très fort pendant plus d'un an. Elle a deux millions d'acheteurs en France et bien plus de lecteurs". Avec elle, le chiffre d'affaires du Dilettante a été multiplié par cinq en huit ans. "Elle touche toutes les classes sociales, toutes les classes d'âge, et toutes les classes intellectuelles", résume Claude Tarrène.

Forcément, Le Dilettante veille sur sa championne comme sur un trésor joyau industriel et s'en tient à sa biographie officielle : "C'est une jeune mère de famille divorcée, elle a deux enfants, et vit à Melun".

Contrairement aux dizaines d'écrivains qui viennent au Salon du livre pour parler, échanger, dialoguer, Anna Gavalda a décidé de ne donner aucune interview pour la sortie de "La Consolante".

La critique, confrontée au phénomène, salue bien sûr le savoir-faire, le succès populaire, mais se moque aussi de ses "bons sentiments" et de ses happy end annoncés.

La vie de Nietzsche, le personnage de "La Consolante", bascule quand il apprend la mort de la mère d'un ami d'enfance. Une tranche de vie à la Gavalda. Un pavé de 640 pages tiré à 300.000 exemplaires, qui devraient être vite écoulés, à voir la file d'attente qui s'allonge dans les travées du salon de la véranda.


jeudi 1 mai 2008

En quelle année sommes-nous ?



Sollers est né simple et naïf : il aime la pure vertu, mais il ne prend pas pour modèle la vertu d'un autre; il connaît peu les règles de la probité, il la suit par tempérament. Lorsqu'il y a quelque loi de la morale qui ne s'accorde pas avec son sentiment, il la laisse à part et n'y pense point. S'il rencontre, la nuit, une de ces femmes qui épient les jeunes gens, Sollers souffre qu'elle l'entretienne, et marche quelque temps à côté d'elle; et, comme elle se plaint de la nécessité qui détruit toutes les vertus, et fait les opprobres du monde, il lui dit qu'après tout, la pauvreté n'est point un vice, quand on sait vivre de son industrie sans nuire à personne; et. après l'avoir exhortée à une vie meilleure, ne se trouvant point d'argent parce qu'il est toujours jeune, il lui donne sa montre, qui n'est plus à la mode, et qui est un présent de sa mère; ses camarades se moquent de lui, et tournent en ridicule sa générosité ainsi placée; mais il leur répond :
« Mes amis, vous riez de trop peu de chose. Je plains ces pauvres femmes d'être obligées de faire un tel métier pour vivre. Le monde est rempli de misères qui serrent le cœur; si on ne faisait de bien qu'à ceux qui le méritent, on n'en trouverait guère d'occasions. Il faut être humain, il faut être indulgent avec les faibles, qui ont besoin plus de support que les bons; le désordre des malheureux est toujours le crime de la dureté des riches."