mardi 31 janvier 2012

Chair Sollers




« La petite forme absurde où je suis enfermé a été jetée dans ce coin de jardin, et je suis son gardien. Continue ta marche titubante, bébé. Tu vas tomber bientôt sur le gravier, tu tomberas beaucoup dans ta vie qui commence. Anne va aussitôt crier et se précipiter, te relever, t'essuyer, t'embrasser. Elle t'étouffe un peu, elle te gêne. C'est un acte de possession, mais aussi d'amour. » (p.12.)




vendredi 27 janvier 2012

(Nous sommes)Très loin du cerveau (de Sollers)




« Un seul faux pas, et tu deviens le point de mire d'autrui. »
ou
« Plus on tombe de bas, moins cela fait mal. »
ou
« La province intellectuelle : faire des efforts pour penser loin du cerveau. »


mercredi 25 janvier 2012

Maurice Utrillo fume





« Elle me fait signe de me taire, et on va faire l'amour en plein jour dans une grande véranda déserte. Elle est douce, confiante, amusée, technique. » (p.210.)


samedi 21 janvier 2012

« Une république immanente, horizontale, contractuelle »





Onfray propose une généalogie nietzschéenne du tempérament libertaire de Camus, quand la psyché de l’enfant se forme à travers des expériences aussi douloureuses que bienheureuses et douces. Il est vrai que Camus lui même donne une clé lorsqu’il écrit, en 1945 : « L’homme que je serais si je n’avais pas été l’enfant que je fus ! » L’enfance de Camus, qui mêle la lumière, le soleil et la Méditerranée,qui s’inscrit dans la passion du sport, du théâtre et des livres, fonde la constitution organique de cette sensibilité qu’Onfray qualifie de « tempérament anarchiste, ce mot caractérisant quiconque refuse de suivre autant que de guider».

Dans Noces, Camus reprend et commente l’expression de Pindare, si précieuse aux yeux de Nietzsche : « Ce n’est pas si facile de devenir ce qu’on est. » Pourtant, toute la vie philosophique de Camus est entièrement tournée vers un seul impératif existentiel : devenir ce qu’il est. Onfray nous rappelle que le thème philosophique central de l’oeuvre de Camus est la folie du meurtre. Comment comprendre la mise à mort d’un autre ou de soi ? Camus se penche, tour à tour, sur l’écrasement de la rébellion (Révolte dans les Asturies), l’attentat des nihilistes (Les Justes), le crime menant à l’échafaud (L’Étranger), le meurtre légal dans l’histoire (L’Homme révolté), la folie sanguinaire du tyran (Caligula), le suicide (Le Mythe de Sisyphe) ou les crimes de masse du totalitarisme (La Peste ou L’État de siège). Il faut y insister : « Camus n’a cessé de réfléchir sur le crime légal, l’assassinat idéologique, le meurtre de soi, de son prochain,la mise à mort programmée, légitimée. » L’Ordre libertaire,c’est donc le portrait d’un homme constamment révolté devant l’injuste, devant l’injustifiable.Camus fait preuve d’un engagement sans tremblement. Il décrit, montre et rapporte, journaliste au plus beau sens du terme, explique Onfray, lorsqu’il présentifie ce qui, sans lui, nous demeurerait lointain, vague et imprécis. Philosophe libertaire et abolitionniste ? « Camus ne pense pas avec des idées, des concepts, mais avec des vérités concrètes. Il est un philosophe de la radicalité immanente ou, si l’on veut, un penseur radical de l’immanence. 



mercredi 11 janvier 2012

L' État "Made in France"




L’État pour Bourdieu se définit donc - provisoirement - par « la possession du monopole de la violence physique et symbolique légitime ». Il ajoute un mot, crucial, à la définition classique de Max Weber : «symbolique». Un mot qu’on pourrait presque considérer comme le « rosebud » d’une œuvre sociologique qu’on peut tout entière lire comme une économie symbolique. L’État ne se résume pas au strict régalien, aux ors de la République et à ses canons. L’État c’est autant Superphénix que les maisons Phénix nous explique au fond Pierre Bourdieu en s’appuyant sur l’une des recherches empiriques qu’il mène à l’époque sur le marché des maisons individuelles. L’Etat est toujours, et peut-être surtout où l’on ne l’attend pas. Au cœur des marchés par exemple. Là où, de plus en plus, il sait aussi briller par son absence.

jeudi 5 janvier 2012

dimanche 1 janvier 2012

La Véranda de Sollers fumera en 2012 !





« La photo que j'ai sous les yeux a été prise en été par quelqu'un qui s'est assis dans l'herbe pour qu'on voie bien le petit personnage regardant un cèdre. Je dois avoir 2 ans, je suis un bébé bouffi qui lève un visage ravi, à moitié mangé de soleil, vers les branches. Anne, ma sœur de 8 ans, est à peine visible, devant les vérandas, sur la droite. La photo a dû être prise par mon père, le seul qui, à l'époque, prenait de temps en temps des photos. J'ai l'impression d'être là, maintenant, dans cette image qui n'est pas pour moi une image, mais une clairière toujours vivante, une éclaircie. La petite forme absurde où je suis enfermé a été jetée dans ce coin de jardin, et je suis son gardien. Continue ta marche titubante, bébé. Tu vas tomber bientôt sur le gravier, tu tomberas beaucoup dans ta vie qui commence. Anne va aussitôt crier et se précipiter, te relever, t'essuyer, t'embrasser. Elle t'étouffe un peu, elle te gêne. C'est un acte de possession, mais aussi d'amour. » (p.12.)