lundi 28 mai 2007

Sollers ne fume pas le lundi de Pentecôte



Tous se tenaient immobiles et dans l'attente, les bras croisés sur la poitrine et les yeux baissés vers la terre, et le calme qui régnait parmi eux se répandit partout de proche en proche. Les disciples, qui étaient dans les salles voisines, cherchèrent chacun sa place et bientôt le plus profond silence régna dans toute l'étendue de la maison.

Vers le matin, Je vis au-dessus de la montagne des Oliviers, à l'endroit ou le Seigneur était monté au ciel, une nuée lumineuse, brillant d'un éclat argentin, descendre du ciel et s'approcher en baissant de la maison des apôtres à Sion. Je vis dans le lointain, sur le premier plan, se mouvoir comme un globe accompagné dans sa marche d'un souffle de vent doux et tiède. En approchant, la nuée grandit et passa au-dessus de la ville comme une brume lumineuse, puis se ramassant et se concentrant au-dessus de Sion et du cénacle, pendant que son éclat et sa transparence allaient toujours en augmentant, elle s'arrêta, semblable à un soleil resplendissant, et descendit comme une nuée d'orage qui s'abaisse, avec un bruit pareil à celui d'un tourbillon de vent impétueux.

À ce bruit je vis beaucoup de Juifs qui avaient vu la nuée s'enfuir tout effrayés vers le temple. Pour moi, quand j'entendis arriver ce vent avec une violence toujours croissante, je fus prise d'une terreur d'enfant, et, craignant que cela ne finit tout d'un coup par une terrible explosion, je cherchai avec inquiétude où je pourrais me mettre à l'abri. C'était comme un orage qui arrive rapidement, mais qui, au lieu de monter de la terre, descend du ciel, qui apporte une vive lumière au lieu d'une profonde obscurité et qui marche accompagné d'un bruit mystérieux au lieu de faire retentir les éclats du tonnerre. Or le mouvement de l'air qui produisait ce bruit se faisait sentir comme un courant d'air chaud dont l'influence était singulièrement agréable.

Quand la nuée lumineuse s'abaissa tout à fait sur le cénacle, en même temps que son éclat augmentait et que le bruit du vent redoublait, je vis la maison et tout ce qui l'entourait s'illuminer de plus en plus : je vis aussi les apôtres, les disciples et les saintes femmes de plus en plus recueillis et pleins de ferveur intérieure. Je ne puis rendre à quel point tout m'apparaissait clair et lumineux : tout était transparent pour moi ...

dimanche 27 mai 2007

Dieu fume


... Cependant vers trois heures du matin, avant le lever du soleil, je vis partir le la nuée retentissante des courants de lumière blanche qui se croisèrent sept fois et en se croisant ainsi se divisèrent en rayons isolés et en larmes de feu qui tombèrent sur la maison et ses dépendances. Le point où se coupaient les sept courants lumineux était entouré d'une lumière semblable à celle de l'arc-en-ciel, et je vis s'y dessiner comme une figure resplendissante qui planait en l'air. Il me sembla aussi voir aux épaules de cette figure des ailes qui s'étendaient au lion : toutefois, je ne puis pas dire que ce fussent des ailes à proprement parler : car tout en elle ne semblait être qu'une effusion de lumière. En ce moment, la maison dans toute son étendue fut entièrement inondée et pénétrée par la lumière. Je ne vis plus la lueur de la lampe à cinq bras.

Tous ceux qui se trouvaient réunis au cénacle semblaient pétrifiés, ravis en extase : ils levaient instinctivement leur visage en l'air, comme des gens altérés, et je vis entrer dans leur bouche des jets de lumière semblables à de petites langues de feu flamboyantes : ils semblaient aspirer le feu, le boire pour étancher leur soif : on eût dit que leur désir était une flamme qui s'élançait hors de leur bouche à la rencontre de cette autre flamme céleste. Ce feu divin se répandit aussi sur les disciples et sur les femmes qui étaient dans le vestibule, et toute la masse lumineuse se fondit pour ainsi dire comme une nuée qui se résout en pluie de lumière. Les langues de feu qui descendirent sur chacun des assistants différaient quant à l'éclat et à la couleur. Plusieurs personnes furent réveillées par ce bruit semblable à celui d'un vent impétueux. L'Esprit Saint remua vivement beaucoup de disciples et de partisans de Jésus qui habitaient dans les environs.

Quand le don céleste se fut répandu sur l'assemblée réunie au cénacle, tous se sentirent pleins d'allégresse et de courage. Ils étaient profondément émus : la joie les enivrait et leur confiance était sans bornes. Tous se pressèrent autour de la sainte Vierge que je vis seule, quoique inondée aussi des consolations célestes, calme, tranquille et absorbée comme toujours dans un saint recueillement. Quant aux apôtres, ils s'embrassaient mutuellement transportés de joie et animés d'une hardiesse toute nouvelle. Ils semblaient s'interpeller les uns les autres et se dire :
" Qu'étions-nous et que sommes-nous devenus " ?
Les saintes femmes aussi s'embrassaient. Les disciples dans les galeries latérales n'étaient pas moins émus. Les apôtres coururent à eux, et il se manifestait chez tous comme une nouvelle vie qui les remplissait de joie, de confiance et d'intrépidité.

samedi 26 mai 2007

Du mauvais côté de l'universel





Le monde ne prend forme que parce qu'il y a eu cette rupture de symétrie qui l'inquiète définitivement. Comme ailleurs, l'inquiétante étrangeté du féminin, secret ironique de la communauté, selon Sollers, et qui lui donne forme. Il n'y aura pas de fin à ce monde parce qu'il y aura toujours quelque chose de cette altérité radicale qui nous guette. Mais ce n'est plus une négativité active, politique, rationnelle, aux prises avec l'histoire. C'est l'imminence d'une revanche, d'une réssurection de tout ce qui a été exilé de l'autre côté du miroir, et assigné à résidence dans la représentation servile du monde des vainqueurs, la revanche de tous ceux qui sont tombés du mauvais côté de l'universel. Cette puissance dont nous faisons tous partie, même sans le savoir, cette puissance louche de l'autre côté du miroir, et son fantôme hante le monde réalisé. Plus le monde se réalise, plus cette illusion radicale est active. C'est ce que j'appelais la transparence du mal.

vendredi 25 mai 2007

jeudi 24 mai 2007

MoDem D.Day au Zénith



Si vous êtes dans des lieux glissants, humides, marécageux et malsains, sortez-en le plus vite que vous pourrez; vous ne sauriez vous y arrêter sans être exposé aux plus grands inconvénients; la disette des vivres et les maladies viendraient bientôt vous y assiéger. Si vous êtes contraint d'y rester, tâchez d'en occuper les bords; gardez-vous bien d'aller trop avant. S'il y a des forêts aux environs, laissez-les derrière vous.

Encore une fois, éclairez toutes les démarches de l'ennemi, quelles qu'elles puissent être; mais veillez aussi sur vos propres troupes, ayez l’œil à tout, sachez tout, empêchez les vols et les brigandages, la débauche et l'ivrognerie, les mécontentements et les cabales, la paresse et l'oisiveté. Sans qu'il soit nécessaire qu'on vous en instruise, vous pourrez connaître par vous-même ceux de vos gens qui seront dans le cas.

Tels sont encore les avantages des différents campements; avantages précieux, d'où dépend la plus grande partie des succès militaires. C'est en particulier parce qu'il possédait à fond l'art des campements que l'Empereur Orange triompha de ses ennemis et soumit à ses lois tous les petits princes bleus et rose voisins de ses États.

Donc je dis : Connais toi toi-même, connais ton ennemi, ta victoire ne sera jamais mise en danger. Connais le terrain, connais ton temps, ta victoire sera alors totale.


mercredi 23 mai 2007

La machine somnambulique et célibataire de Sárközy


Le jogging lui aussi relève du performatif. Jogger n'est pas courir, c'est faire courir son corps. C'est un jeu qui s'appuie sur la performance informelle du corps, qu'il s'emploie simultanément à épuiser et à détruire. L'« état second » du jogging correspond littéralement à cette opération seconde, à ce décrochement machinique. La jouissance, ou la douleur, n'en est ni sportive ni charnelle, ce n'est pas celle d'une dépense physique pure, c'est celle de la dématérialisation et du fonctionnement sans fin (le corps du jogger est semblable à une machine de Tinguely), c'est l'ascèse et l'extase du performatif. Le faire-courir se double d'ailleurs très vite d'un laisser-courir, le corps s'hypnotisant dans sa performance et courant tout seul en l'absence du sujet, comme une machine somnambulique et célibataire (autre machine analogue : la décuplette de Jarry, où les morts continuent de pédaler tout seuls). Le côté interminible du jogging (comme la psychanalyse) tient d'ailleurs à ce caractère de performance sans finalité, sans objectif, sans illusion.
Ce qui n'a pas de fin n'a pas de raison de s'arrêter.


mardi 22 mai 2007

Résidence secondaire


Au fur et à mesure que le social s'accomplit, avec la complicité du discours sur le social, il met tout le monde hors jeu (SDF, chômeurs, homeless, et toutes les catégories désocialisées les unes après les autres), et à la fin, il ne restera dans le social que des sociologues et des travailleurs sociaux, tous ceux dont le social est le fonds de commerce - aux prises avec leur objet désormais virtuel, quoique pleinement réalité. Après coup, on va s'apercevoir que le social n'a jamais été inventé que comme une assignation à résidence pour les déshérités, et que même, aujourd'hui, ils en sont expulsés au fur et à mesure, comme les Indiens de leur réserve - ce qui permet aux classes favorisées d'occuper le social comme résidence secondaire.


lundi 21 mai 2007

Maggie Cheung fume

Non seulement la démocratie fait oublier à chaque homme ses aïeux, mais elle lui cache ses descendants et le sépare de ses contemporains; elle le ramène sans cesse vers lui seul et menace de le renfermer en fait tout entier dans la solitude de son propre moi.

dimanche 20 mai 2007

Habiter la fonction France


Ils disent tous : « Il y aurait un enfer ! »
Blablabla ! le coeur ne doit pas s'émouvoir !
Si tous ceux qui font l'amour et qui boivent comme Sollers sont de l'enfer,
Demain le Paradis, comme le creux de ma main, est désert.

samedi 19 mai 2007

Solidarité Active


Conseil : « Ne jamais s'allier à des forces maladives et vaincues d'avance.»
C'est pourtant ce qu'on est obligé de faire neuf fois sur dix, mais c'est la dixième qui compte.

vendredi 18 mai 2007

mercredi 16 mai 2007

Chirac fume



- Tu es au volant de ta voiture et tu roules à vitesse constante.
À ta gauche, un ravin royal.
À ta droite, un camion de pompier qui roule à la même vitesse que toi.
Devant toi, un éléphant rose énorme et, derrière toi, un hélicoptère te suit, tous deux vont à la même vitesse que toi.
Comment fais-tu pour t'arrêter ?

mardi 15 mai 2007

Asia Argento fume


Parfait, Sollers ne l’est pas seulement en tant que parfaitement achevé en lui-même, en tant qu’il se définit lui-même sous la forme de l’unité, en tant qu’il est tout entier et totalement parfait, mais aussi en tant qu’il est plus que parfait, puisqu’il transcende toute réalité, en tant qu’il définit toute infinité, qu’il déborde infiniment toute limite, que rien ne le contient ni ne l’enclôt, mais qu’il s’étend au contraire tout ensemble en tous lieux et au delà de tout lieu, par des dons inépuisables et des actes infinis. On dit aussi que Sollers est parfait parce qu’il ne croît pas, étant achevé de toute éternité, parce qu’il ne diminue pas, contenant tout d’avance en lui; débordant dans sa libéralité unique, inépuisable, identique, surabondante et constante, c’est lui qui parfait l’achèvement de toute perfection et qui la remplit de sa propre perfection.

lundi 14 mai 2007

Does Sollers prefer the blondes or the brown ones ?


Sollers
- Qu'est ce qu'une blonde attachée par les pieds au plafond d'un garage ?

- En banlieue ?
- En France, où tout le monde doit se lever tôt !

dimanche 13 mai 2007

MoDem


- Jamais la cour n'a été si ennemie des gens d'esprit.
- Je le crois, jamais elle n'a été plus sotte, et quand les deux extrêmes s'éloignent, le rapprochement est plus difficile.

samedi 12 mai 2007

Moi, c'est Moi


Combien étant montés sur le trône sont tombés à terre
Que de mouches sont accourues sur celui qui disait :
« Moi ».

vendredi 11 mai 2007

J'ai le droit au logement opposable ?


Un séisme (politique) est un mouvement de l'écorce terrestre, qui commence par une oscillation et finit par une tombola.

jeudi 10 mai 2007

Tina Davis fume


Un petit homme disoit à Monsieur Sollers qu'il abusait du crayon et du porte-cigarette, et qu'il se tuait.
« Je suis né tué », répondit Monsieur Sollers.

mercredi 9 mai 2007

Petit lieu (tenant) marécageux


Il faut alors subir, dit-il encore, « des mains pleines de rage et de venin en plein visage ». En réalité, de la merde. C'est l'insurrection du micmac, du mélange, du faux, du pourri, de l'oblique, à travers la puanteur des épiciers, le frétillement des ambitions, la mauvaise haleine de la racaille. « Désir lubrique, bilieuse envie, rancune aigrie, orgueil de plèbe : tout cela me saute au visage. »

mardi 8 mai 2007

Produits de la civilisation perfectionnée

- Je n'ai pu acheter cette tête de veau.
- Pourquoi ?
- Un conseiller la marchandait.
- Prends ces cent euros; et va m'acheter la tête de veau et le conseiller.

lundi 7 mai 2007

Un pensiero "a tutti i francesi che non hanno votato per me"


- Croiriez-vous que j'ai vu Madame Royal pleurer son ennemie, en présence de quinze personnes ?
- Quand je vous disois que c'était une femme qui réussirait à tout ce qu'elle voudroit entreprendre.

dimanche 6 mai 2007

Shen-ch'i



- La place est honnête.
- Vous voulez dire lucrative.
- Honnête ou lucrative, c'est un tout un.


samedi 5 mai 2007

Sainte Prudence J -une



De quoi remettre à leur juste dimension les propos justes de Nicolas 1er Sarkozy :
celle d'un rappel à l'ordre juste.

«Trop longtemps, on a pensé que résoudre les problèmes économiques et sociaux réglait tout. Ce n'est pas exact. Dans les périodes de troubles, de contestation où même les institutions les plus anciennes hésitent et ne jouent plus leur rôle, l'Etat, seul, sert de rempart à la population contre les conséquences du désordre des esprits

Ainsi parlait en 1971 Raymond Marcellin, lointain prédécesseur de Nicolas 1er Sarkozy à l'Intérieur. Place Beauvau, les ministres passent, mais la phobie et les veaux de 68 demeurent.

vendredi 4 mai 2007

Sainte Prudence J -2


- Voilà douze ans que nous perdons. Il faut pourtant nous remettre.
- Oui, dès la semaine prochaine.
- Quoi ! sitôt ?

jeudi 3 mai 2007

« Très bien, très heureuse »



On croit le Sarkozy malheureux dans la société. N'est-ce pas un jugement prononcé par l'amour-propre de la société, qui dit : « Cet homme-là n'est-il pas trop à plaindre de n'entendre pas ce que nous disons ? »

mercredi 2 mai 2007

He has only one fault


Un philosophe disait : « Je ne sais pas comment un Français qui fume trop et qui a été une fois dans l'antichambre du pape, ou dans sa véranda, peut dire de qui que ce puisse être : C'est un grand seigneur. »

mardi 1 mai 2007

Sollers fume


Sollers
Un pape causant avec un étranger français de toutes les merveilles de l' Italie, celui-ci dit gauchement et royalement : « J' ai tout vu hors un conclave, que je voudrais bien voir. »