jeudi 24 septembre 2009

Sollers est un point de Venise



Mlle de Chevreuse, qui avait plus de beauté que d'agrément, était sotte jusques au ridicule par son naturel. La passion lui donnait de l'esprit et même du sérieux et de l'agréable, uniquement pour celui qu'elle aimait ; mais elle le traitait bientôt comme ses jupes : elle les mettait dans son lit quand elles lui plaisaient ; elle les brûlait, par une pure aversion, deux jours après.

Mlle de Chevreuse n'avait que la beauté, de laquelle on se rassasie quand elle n'est pas accompagnée. Elle n'avait de l'esprit que pour celui qu'elle aimait, mais comme elle n'aimait jamais longtemps, l'on ne trouvait pas, aussi longtemps, qu'elle eût de l'esprit. Elle s'indisposait contre ses amants, comme conte ses hardes. Les autres femmes s'en lassent : elle les brûlait, et ses filles avaient toutes les peines du monde à sauver une jupe, des coiffes, des gants, un point de Venise. Je crois que si elle eût pu mettre au feu son galant Joyaux, quand elle s'en lassait, elle l'eût fait du meilleur de son coeur absolu.


mercredi 23 septembre 2009

Le goût parfait de Sollers

le 28 novembre 1994, à Versailles


Caresser une femme dans le noir de la véranda, c'est comme fumer dans le noir : adieu le goût.

dimanche 20 septembre 2009

Paradis


Dans toutes leurs relations, ce n'était jamais elle qui prenait l'initiative de rien. Ce dont il la louait. « J'ai horreur des femmes qui ont une volonté propre, et c'est pourquoi vous êtes faite pour moi de toute éternité.» Cependant, s'il faut en croire Schopenhauer, qui voit une correspondance entre la volonté et le tempérament sexuel, il n'eût pas trouvé mauvais qu'elle voulût un peu plus...

vendredi 18 septembre 2009

Jacques Chirac fume ( alors qu'un fusil 22 long rifle dissimulé dans un étui à guitare lui tire dessus.)


« Il y avait une part de roue libre, de narcissisme complètement incontrôlé », dans ce geste, analyse-t-il aujourd'hui. « Maintenant, il faut que je vive avec, dans un coin de ma tête, qu'un beau matin j'ai tiré à froid sur quelqu'un que je ne connaissais absolument pas et qui ne s'en est pris ni à moi ni à aucun de mes proches », a-t-il ajouté. « J'ai écrit une lettre à Jacques Chirac, quelques jours après les faits, une fois que je suis revenu sur terre », a-t-il confié. « Je n'ai pas eu de réponse. Ça s'arrête là ».

jeudi 17 septembre 2009

Alain Delon fume (alors que l' Épidémie de Grippe a commencé en France)


La ville de Seattle (Etat du Washington) et ses 600 000 habitants disposent d'un remarquable réseau de bibliothèques publiques. Mais un déficit de 43 millions de dollars (près de 30 millions d'euros) a contraint la municipalité à effectuer des réductions budgétaires dans tous ses services. Les 26 bibliothèques de la ville ont donc été complètement fermées du 31 août au 7 septembre, des services de prêts aux espaces d'accueil, jusqu'au site de consultation du catalogue en ligne.

"Pourtant, nous sommes une ville qui aime vraiment les livres, affirme Andrea Addison, directrice de la communication de la Seattle Public Library. 80 % des habitants de Seattle ont leur carte de bibliothèque !" Le port de commerce situé au bord du Pacifique abrite aussi la grande firme de distribution de livres sur Internet, Amazon.com
(...)
Les amoureux des livres se sont résignés à la fermeture temporaire et certains d'entre eux, pour remercier les membres du personnel de leur sacrifice, "ont envoyé des petites cartes, des fleurs, des gâteaux", raconte Mme Addison. Seattle avait déjà fermé ses librairies pendant deux semaines, au cours de deux autres années difficiles, 2002 et 2003. A l'heure actuelle, on ignore si d'autres fermetures risquent d'avoir lieu, mais le maire de Seattle, Greg Nickels, prévoit de nouvelles réductions budgétaires en 2010...

lundi 14 septembre 2009

Éloge du vitrail


Dans la salle d’attente d’un hôpital, j’avise un vieux tas de revues crasseuses et probablement couvertes de microbes. J’en ouvre une pour jouer au jeu du : « que reste-t-il de valable dans un journal après la date de péremption ? ». Voilà donc un « Marianne » de 2007 et… trois pages consacrées à Lucien Jerphagnon, le vieux maître de mes dix-sept ans ! La journaliste (aujourd’hui passée au Figaro…) consacre un paragraphe à la relation que j’entretenais avec lui et, le créditant de « délicatesse » (!), explique que nous ne nous écrivons plus parce qu’il fut le maître d’œuvre de l’édition de saint Augustin en Pléiade et que, pour moi, l’athée au couteau entre les dents, c’en était trop : « Qu’il fut croyant ? Méprisable, inacceptable. Il n’eut plus de nouvelles que par les plateaux de télévision où l’élève a élu résidence ».

Faut-il être crétin pour imaginer que j’ai découvert le christianisme de Jerphagnon avec son travail pour la Pléiade - travail qui lui échoit par un heureux jeu de chaises musicales, les deux premiers responsables de l’édition ayant cassé leur pipe en route, il fut promu par défaut… Parmi les cinq étudiants qu’il avait chaque année, nul n’ignorait, en 1976, la bibliographie du Monsieur qui comportait alors plus de bondieuseries et de guimauves chrétiennes mâtinées de caractérologie que de livres parus chez Gallimard… A l’époque, il publiait surtout aux édition du Vitrail (sic !).

C’était aussi le moment où, drapé dans sa toge, il jouait au philosophe romain – et je dois dire qu’il avait un talent fou pour ce rôle à contre-emploi. Ce vrai prof, faux philosophe, (à l’époque je croyais l’inverse ce à quoi il nous invitait avec tellement de persuasion…), vomissait sur Alain Renaut et Luc Ferry, alors enseignants à Caen. Mais c’était bien avant un livre signé en collaboration avec ce dernier, en 2009, un ouvrage dans lequel presque chaque page fait l’éloge du christianisme et de l’ancien Ministre de Raffarin…

Ce n’est pas le vieux christianisme de Jerphagnon qui a été la cause de mon éloignement mais le grand écart que j’ai pu constater entre la posture du « philosophe » romain et la petitesse du professeur aigri, vaniteux, orgueilleux, jaloux, envieux – j’ai dix anecdotes pour justifier chacune de ces épithètes… Je découvre aujourd’hui le menteur…

J’ai avalé nombre de couleuvres et garderai le détail de ce mauvais festin par fidélité à ce qu’il fut. Juste une chose : comment explique-t-il que j’aurais prétendument rompu à cause de son Augustin en Pléiade (en 1998) alors qu’il m’a demandé de le pistonner chez Grasset (en 2004) pour un livre refusé par le comité de lecture ? Sa femme qui m’a envoyé une lettre d’excuse pour la dernière couleuvre que je refusais d’avaler connaît la date de mon ultime courrier, il n’a qu’à lui demander, rien à voir avec Augustin.

Au temps de sa splendeur, il m’avait dit : « Onfray, je compte sur vous pour m’éviter le livre en trop. Je n’ai pas envie d’écrire sous moi ». Quand l’heure fut venue d’écrire sous lui, il avait pris soin de me congédier depuis longtemps. La parution du Traité d’athéologie en 2005, et surtout son succès, a été la goutte d’eau qui a fait déborder sa vase. Je ne lui reproche pas son christianisme, mais d’être si peu chrétien. Cet homme n’a jamais su aimer personne d’autre que lui. Je le plains…

vendredi 11 septembre 2009

Alain-Hom.com


Alain Finkielkraut est tombé malade en septembre 2008. Un lymphome. Ce fut grave et long. "J’ai cessé d’être innocent pour basculer dans le cauchemar. Je suis aujourd’hui sorti de la véranda Qu’est-ce qui fait qu’on tombe malade ? Je peux tisser un lien, après trois années d’exposition maximale, entre le stress et la maladie. Je devrais tirer une sagesse de cette expérience. Etre moins actif, plus prudent. J’en suis incapable. Je ronge actuellement mon frein. Je ne veux pas que l’intellectuel que je suis, nuise à l’écrivain que j’essaie d’être."

mercredi 9 septembre 2009

Le Diable, ne l'oubliez pas, c'est Sollers


Le film que se raconte le milieu littéraire français, depuis plus de trente ans, peut d'ailleurs être décrit comme un western classique, sans cesse rejoué, avec, de temps en temps, adjonction de nouveaux acteurs. Il y a un Beau, un Bon, un Vertueux exotique, Le Clézio, et un Méchant, moi. Je m'agite en vain, Le Clézio est souverain et tranquille, il s'éloigne toujours, à la fin, droit sur son cheval, vers le soleil, tandis que je meurs dans un cimetière, la main crispée sur une poignée de dollars que je ne posséderai jamais. Modiano, lui, a un rôle plus trouble: il est à la banque, il avale ses mots, il a eu de grands malheurs dans son enfance, il est très aimé des habitants de cette petite ville culpabilisée de l'Ouest, aimé, mais pas adoré, comme Le Clézio, dont la photo, en posters, occupe les chambres de ces dames. Le Diable, ne l'oubliez pas, c'est moi. Je suis un voleur, un imposteur, un terroriste, un tueur à la gâchette facile, un débauché, un casseur, j'ai des protections haut placées, des hommes et des femmes de main, je sème la peur, je ne crois à rien, j'expierai mes fautes.


mardi 1 septembre 2009

«Sollers-Game», un jeu puant selon le gouvernement


Ses créateurs parlent de second degré, le secrétaire d'Etat au Logement d'atteinte à la dignité humaine. Benoist Apparu a condamné hier la mise en ligne de «Sollers-Game», un jeu de stratégie où l'internaute incarne un SDF dont le but est de sortir de la rue et de devenir châtelain-écrivain avec une véranda. Et tous les moyens sont bons : s'acheter un animal de compagnie pour apitoyer les passants, apprendre à jouer d'un instrument de musique, mais aussi se battre avec d'autres sans-abri ou braquer la sandwicherie du coin, le tout en surveillant son taux d'alcoolémie.