lundi 31 décembre 2007

Donna continue en 2008


À partir du 1er janvier 2008, l'interdiction de fumer dans les lieux publics est notamment étendue aux cafés et aux restaurants. Fumeurs réguliers ou occasionnels, cette interdiction va-t-elle vous pousser à arrêter de fumer ?

Racontez-nous pourquoi vous avez décidé d'arrêter de fumer, ou pourquoi vous comptez continuer à le faire malgré l'extension de cette interdiction.

Une sélection de vos témoignages sera publiée sur le Monde.fr.

Envoyez-nous votre texte par courriel à focus@lemonde.fr en précisant vos nom et prénom.

jeudi 27 décembre 2007

J'ai découvert la nature comme physis (totalité) avec Anaximandre





La question de l'existence du monde extérieur est un faux problème. Voilà pourquoi je me situe bien plus du côté du Dasein heideggerien que du Cogito cartésien. Vous avez expliqué qu'il y avait plusieurs métaphysiques alors qu'il n'y a qu'une morale…

Marcel Conche : Oui, la morale est un absolu. Certains philosophes ne distinguent pas la morale de l'éthique. Elles sont à distinguer radicalement. En venant chez moi, mettons que vous avez vu un blessé sur le bord de la route, c'est un impératif inconditionnel de vous arrêter. Si un peu plus loin, sur la route, quelqu'un vous invite à un spectacle, vous pouvez décider d'y aller ou non. Cela n'a rien d'obligatoire. La recherche du bonheur n'est pas un impératif inconditionnel. Il y a une éthique du pouvoir, du bonheur, du plaisir. Achille cherche la gloire et pose une éthique de la gloire. On choisit d'organiser sa vie en fonction de ce qui nous intéresse. Mais vous n'avez pas le droit de l'organiser d'une manière qui impliquerait le non-respect de la personne des autres. La morale limite donc le domaine dans lequel vous pouvez développer votre éthique. La morale, c'est une sorte de minimum, mais certaines morales abolissent l'éthique. C'est le cas de la morale chrétienne, dont la logique est d'aimer l'ennemi. La logique, c'est la sainteté de Mère Teresa, selon laquelle vous devez vous consacrer à autrui.

mercredi 26 décembre 2007

David Foenkinos n'est pas un fumeur




Assis dans le fond de sa chaise, il a pourtant quelque chose de romanesque. Des baskets, un jean et une veste noire, ce dandy parisien est un trentenaire dans la force de l’âge. Une cigarette à la main, il confie d’un ton léger « je ne suis pas un fumeur, j’en avais juste envie ». Au milieu de son nuage de fumée, il plane dans son appartement qui a des airs de bibliothèque. Les livres envahissent cet espace étroit qui surplombe la Bibliothèque Véranda François Mitterrand. « Je suis fasciné par le mot bibliothèque véranda depuis que je suis petit ».

Philosophons un peu dans la véranda, pouvez-vous nous dire « Qu’est-ce qu’une vie réussie » ?Une vie réussie est une vie compliquée.

Votre état d'esprit en ce moment...
Très épuisé, à la fois très calme et très excité à cause de l'écriture de mon prochain roman... Je suis dans un état d'esprit Doliprane...

mardi 25 décembre 2007

« Les ornements solennels de l’ekstasis »




« Je déraille… l’Alzheimer me guette… mon âme a déjà vécu une autre vie et s’est réincarnée… je suis capable de voyager dans le temps… un revenant habite en moi… je reçois par télépathie des souvenirs inconscients de mon voisin… je suis possédé par le diable… et mon médecin est en vacances.»


dimanche 23 décembre 2007

Julien Gracq fumera en 2008



Je trouvai le vieux Carlo dans la véranda qui regardait du côté de la mer. Un auvent treillissé l'abritait où grimpait la vigne; par-dessus le mur bas, un rectangle de terre fauve et tachetée, éblouissant, meurtrissant l'oeil et cuisait dans le soleil...

mardi 18 décembre 2007

Quelqu'un m'a dit que Carla Bruni fume




Quand tu es près de moi,
Cette véranda n'a plus de parois,
Mais des arbres oui, des arbres infinis,
Et quand tu es tellement près de moi,
C'est comme si ce plafond-là,
Il n'existait plus, je vois le ciel penché sur nous... qui restons ainsi,
Abandonnés tout comme si,
Il n'y avait plus rien, non plus rien d'autre au monde,
J'entends l'harmonica... mais on dirait un orgue,
Qui chante pour toi et pour moi,
Là-haut dans le ciel infini,
Et pour toi, et pour moi

samedi 15 décembre 2007

Roger Vailland fume




C’est la télé en noir et blanc du temps de l’ORTF : Roger Vailland est venu parler de son dernier roman, La Fête, à Lectures pour tous, l’émission littéraire de Pierre Dumayet. Un physique sec, une voix de tête, de petits yeux perçants, un nez de faucon, un concentré d’attention prêt à bondir sur les mots.

Il fume cigarette sur cigarette, tout en résistant à Dumayet qui veut lui faire dire que le héros du roman, c’est lui. Dégustation en images de la posture d’un écrivain qui n’est plus seulement un nom sur une jaquette, qui prend chair humaine, acculé à dire le pourquoi du comment.
Ce fut le mérite de Lectures pour tous (1953-1968), qui vit passer Henry Miller, François Mauriac ou Georges Bataille, dont Robert Bober vient de tirer un documentaire sensible, mais qui n’a pour l’instant trouvé aucune chaîne de télévision prête à le diffuser.

Lit-on encore Roger Vailland, qui fut pourtant une figure littéraire des années 50 et 60, prix Goncourt en 1956 pour La Loi adapté à l’écran par Jules Dassin ? Peut-on encore aduler « le meilleur écrivain d’extrême gauche », selon Roger Nimier, cet amoureux des courses automobiles, de la littérature du XVIIIe siècle et des femmes ? Sait-on encore qui était le « libertin au regard froid », disparu en 1965 ? Peut-être pas.

On dit de lui bien des choses, contradictoires. Militant communiste, opiomane, résistant, correspondant de guerre, surréaliste, cynique et exigeant, voulant faire de sa vie une fête, désenchanté.

L’écrivain, qui aurait eu 100 ans en octobre... fume encore.


mercredi 12 décembre 2007

Portrait du fumeur



On a dit que vous êtes depuis longtemps divorcé. On dit que vous êtes toujours marié, et que vous lui rendez visite chaque année. On raconte que vous avez été longtemps l’amant de Françoise P., philosophe, qui, dit-on, vous a quitté pour un enfant que vous lui avez fait et que vous n’avez pas voulu reconnaître, et qui a ensuite épousé un ministre qui élève votre enfant sous son nom Il n’y a rien qu’on ne prétende de vous : homosexuel, bisexuel, impuissant, misogyne, libertin, pédophile ... Pour que tant de ragots courent sur votre compte, il faut que vous vous prêtiez au jeu. Je ne comprends pas pourquoi vous construisez autour de vous une aura de mystère. Un jour je vous pose une question directe : qui aimez-vous, une femme, plusieurs, les hommes, ou les enfants ? Je sais que ce que vous préférez en moi, c’est mon culot. Vous souriez. Vous aspirez une bouffée de cigarette. Vous me demandez si je connais l’histoire du chien d’Alcibiade. Je fronce les sourcils. Du chien de qui ? Encore une fois vous évitez de répondre ; ou bien, pour vous moquer de moi, vous allez rétorquer que vous êtes zoophile. Alcibiade, dites-vous, le brillant militaire condamné pour sacrilège pour avoir décapité les hermès, l’aimé de Socrate, l’enfant chéri d’Athènes. Il avait un chien de race, le plus beau de toute la ville d’Athènes. Un matin, Athènes découvre qu’on a coupé pendant la nuit la queue du chien d’Alcibiade. Scandale. On ne parle plus que de ça dans Athènes : qui a bien pu couper la queue du chien d’Alcibiade ? Qui a osé commettre un tel crime ? Je vous écoute, sans comprendre où vous voulez en venir. Vous me regardez avec un petit sourire. Alors, à votre avis, qui ? Je hausse les épaules. Aucune idée. Alcibiade, bien sûr. Alcibiade ? Je hausse les sourcils. Son propre chien ? Pourquoi ? Vous souriez. Précisément ; Alcibiade savait que lorsque les Athéniens se demandaient tous qui avait coupé la queue de son chien, ils ne parlaient pas d’autre chose. Pendant ce temps, il était libre, il pouvait fumer.


jeudi 6 décembre 2007

La conscience du corps ne résout pas tout, alors Richard Shusterman fume




La question de la vérité se repose de façon cruciale : les enjeux vitaux d'une pensée qui doit se déterminer au sein de conditions physiques extrêmes décident de son attachement à une philosophie incarnée, et suscitent chez lui, définitivement, "une certaine distance critique vis-à-vis de la profession et des pâles enjeux du succès académique".

Choisissant tout de même un doctorat à Oxford plutôt que l'uniforme, Richard Shusterman rédige une thèse sur la logique de la critique littéraire. Ses lectures de Wittgenstein et d'Austin, qui insistent sur la dimension pratique du langage, lui préparent un chemin vers le "pragmatisme". Cette tradition de pensée se définit comme une méthode de clarification des concepts par leurs effets concrets : selon elle, l'expérience est comme le test de nos idées, et ce que signifie un concept n'est rien d'autre que l'ensemble des résultats de ce test. Le pragmatisme est aussi une forme d'humanisme qui ne vise pas une vérité absolue, mais ce qui est bon pour l'homme.

En matière d'art, l'enjeu n'est pas pour lui la révélation d'une beauté à contempler. Tout comme la vérité, elle est à examiner de l'intérieur et à vivre. Il prolonge de la sorte l'enseignement de John Dewey, pour qui l'art est le lieu d'une expérience esthétique, c'est-à-dire sensible, dont l'intensité doit constituer un modèle pour l'expérience quotidienne. Ainsi l'esthétique peut-elle "marcher" à l'ordinaire ; ainsi l'art, la vie, la philosophie, peuvent-ils former un champ d'expérience commun. Et contre les théories analytiques qui mettent "l'art en boîte", il s'agit plutôt de l'en faire sortir pour retrouver son sens pratique et démocratique, hors des galeries.

lundi 3 décembre 2007

Réconfort solitaire





Une petite brise s’était levée, le froid gagnait vite. Je mis sur moi tous les vêtements que j’avais apportés dans la véranda, me glissai dans mon sac de couchage, et restai étendue sur le dos près de mon feu, fumant une ou deux cigarettes en regardant venir les étoiles qui s’allumaient rapidement, comme si on les jetait par brassées de quelque part au-dessus de la voûte céleste, semis étincelant et froid qui constituait pour moi un paysage familier et réconfortant.


samedi 1 décembre 2007

Erik Dietman fume



Alors que le décret interdisant totalement de fumer dans les vérandas publics rentrera en vigueur le 1er janvier 2008, les buralistes manifestent ce mercredi à Paris pour réclamer une discussion générale avec les organisations professionnelles. De leurs côtés, cafés, brasseries, discothèques et vérandas voient dans ce décret une possible reconquête de la clientèle anti-fumée. Quant aux casinos, certains ont recours aux bonbons palliatifs pour préparer leur clientèle à "gros cigares".