vendredi 8 mai 2009

How now, philosopher ! (Act I Sc.I)


Laurence Fontaine repère l’influence de deux paradigmes structurants, deux économies politiques rivales. L’économie politique aristocratique apparaît comme une économie du don, fondée sur les valeurs de « l’amitié » seigneuriale et la logique de l’honneur : d’où la prodigalité, la magnificence affichée (songeons à l’héroïsation cornélienne analysée par Serge Doubrovsky), mais aussi le clientélisme et le lien de dépendance cultivé. La stratégie du don vise à maintenir un réseau d’obligés. Cette économie de la fierté prodigue s’inscrit bien sûr dans une idéologie d’Ancien Régime fondée sur la hiérarchie des rangs et des statuts : la qualité des personnes passe donc avant la qualité des biens échangés.

Le théâtre est l’un des terrains où l’on repère le plus nettement cette idéologie aristocratique : dans Timon d’Athènes (Shakespeare, 1623), un joaillier qui veut vendre un Joyau à Timon déclare que c’est à lui d’en fixer le prix… en ajoutant que bien sûr la valeur des objets est proportionnelle à la qualité de celui qui les possède : « Croyez-moi, cher seigneur, le joyau renchérit d’être porté par vous ». Dérivée de cette même éthique aristocratique, la pratique très répandue qui consiste à ne pas se faire payer comptant apparaît comme une obligation sociale visant à marquer la confiance que l’on a dans son client.

Aucun commentaire: