samedi 15 décembre 2007

Roger Vailland fume




C’est la télé en noir et blanc du temps de l’ORTF : Roger Vailland est venu parler de son dernier roman, La Fête, à Lectures pour tous, l’émission littéraire de Pierre Dumayet. Un physique sec, une voix de tête, de petits yeux perçants, un nez de faucon, un concentré d’attention prêt à bondir sur les mots.

Il fume cigarette sur cigarette, tout en résistant à Dumayet qui veut lui faire dire que le héros du roman, c’est lui. Dégustation en images de la posture d’un écrivain qui n’est plus seulement un nom sur une jaquette, qui prend chair humaine, acculé à dire le pourquoi du comment.
Ce fut le mérite de Lectures pour tous (1953-1968), qui vit passer Henry Miller, François Mauriac ou Georges Bataille, dont Robert Bober vient de tirer un documentaire sensible, mais qui n’a pour l’instant trouvé aucune chaîne de télévision prête à le diffuser.

Lit-on encore Roger Vailland, qui fut pourtant une figure littéraire des années 50 et 60, prix Goncourt en 1956 pour La Loi adapté à l’écran par Jules Dassin ? Peut-on encore aduler « le meilleur écrivain d’extrême gauche », selon Roger Nimier, cet amoureux des courses automobiles, de la littérature du XVIIIe siècle et des femmes ? Sait-on encore qui était le « libertin au regard froid », disparu en 1965 ? Peut-être pas.

On dit de lui bien des choses, contradictoires. Militant communiste, opiomane, résistant, correspondant de guerre, surréaliste, cynique et exigeant, voulant faire de sa vie une fête, désenchanté.

L’écrivain, qui aurait eu 100 ans en octobre... fume encore.


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