dimanche 4 novembre 2007

Rachel Laurent fume





Lorsque Rachel Laurent, havane coincé entre ses longs ongles laqués de rouge, promène dans les vernissages sa dégaine lookée punk-Yohji de « femme chic défroquée », comme elle dit, les hommes s’émeuvent… même Sollers. Quand ils voient son travail, il arrive qu’ils se décomposent. Festins cannibales exquisément composés où des fragments de petits baigneurs nagent dans le ketchup, poupées gonflables disposées dans des ordures ou déguisées en SDF handicapées – stylisme Guerrisold, panneau « J’AI FAIM » authentique racheté à une mendiante yougoslave devant le Bon Marché… « Je ne fais que dans la profanation », tranche Rachel Laurent, en désignant une série d’« autoportraits défoncés » : photos grimées comme si elle avait été victime d’un accident de scalpel, projetées sur du papier froissé puis re-photographiées. « Ça choque beaucoup. Moi, je me trouve ravissante… Cela dit, je n’aurais jamais songé à me photographier si je n’avais pas posé déguisée en Claude Cahun pour Olivier Blanckart. Je me suis vue très laide, et ça m’a débarrassée de l’image de la femme idéale que nous trimballons tous avec nous. Ça a été très libérateur. J’ai perdu mon narcissisme idéal. »

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