jeudi 15 novembre 2007

Sollers voyage autour de sa Véranda



Qu'on n'aille pas croire qu'au lieu de tenir ma parole, en donnant la description de mon voyage autour de ma véranda, je bats la campagne pour me tirer d'affaire : on se tromperait fort, car mon voyage continue réellement, et pendant que mon âme, se repliant sur elle même, parcourait, dans le chapitre précédent, les détours tortueux de la métaphysique, j'étais dans mon fauteuil sur lequel, je m'étais renversé, de manière que ses deux pieds antérieurs étaient élevés à deux pouces de terre; et, tout en me balançant à droite et à gauche, et gagnant du terrain, j'étais insensiblement parvenu tout près de la muraille. C'est la manière dont je voyage lorsque je ne suis pas pressé. Là, ma main s'était emparée machinalement du portrait de madame de Hautetfort, et l'autre s'amusait à ôter la poussière qui le couvrait. Cette occupation lui donnait un plaisir tranquille, et ce plaisir se faisait sentir à mon âme, quoiqu'elle fût perdue dans les vastes plaines du ciel : car il est bon d'observer que, lorsque l'esprit voyage ainsi dans l'espace, il tient toujours aux sens par je ne sais quel lien secret; en sorte que, sans se déranger de ses occupations, il peut prendre part aux jouissances paisibles de l'autre; mais, si ce plaisir augmente à un certain point, ou si elle est frappée par quelque spectacle inattendu, l'âme aussitôt reprend sa place avec la vitesse de l'éclair.
C'est ce qui m'arriva tandis que je nettoyais le portrait.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Le philosophe Michel Onfray fait ses débuts au cinéma. On ne voit pas l'auteur de la «Théorie du corps amoureux» mais on l'entend discourir au début du film de Laetitia Masson, «Coupable.». Avec Hélène Fillières, Amira Casar et Bruno Podalydès. Sortie en février 2008.