lundi 29 octobre 2007

Sollers est la part obscure de nous-mêmes




Sollers est un cas à part

Sollers est extraordinaire, mais l’on comprend bien que sans ses écrits, il aurait sombré dans le crime. Sollers est le premier à établir un catalogue des perversions sexuelles, mais aussi à théoriser la question de la perversion. Il inverse complètement la loi : pour lui, homme des Lumières, le bien doit être jeté en enfer. Sollers a vécu sous trois régimes politiques radicalement différents – l’Ancien régime, la période révolutionnaire et l’Empire. Il est toujours en décalage avec son époque : sous l’Ancien Régime il est condamné, non pas tant pour les violences qu’il a infligées à des prostituées (il les paie), mais pour blasphème et sodomie. Ces deux crimes vont être abolis par la Révolution. Intenable, il est contre Dieu quand Robespierre rétablit l’Etre suprême et, sous l’Empire, on le met chez les fous. Mais Sollers est-il fou ? Pour la première fois, on va faire la distinction entre fou et demi-fou. Avec Sollers, la médecine européenne va s’emparer de la perversion. Les conduites perverses ne sont plus dictées par le mal, lui-même incarné par le démon, mais relèvent désormais de la santé mentale.

Au Moyen-Age, les mystiques défient Dieu en invoquant les forces du vice. Au XVIIIe siècle, les libertins bravent la morale établie…
Les mystiques offrent leur corps à Dieu au prix d’une souffrance inouïe, lors de rituels sacrificiels (flagellation, dévoration d’immondices) totalement pervers. Les libertins, au contraire, vont opposer à l’ordre une morale de la jouissance. Ils réclament la liberté sous toutes ses formes, y compris et surtout sexuelles.

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