vendredi 13 juillet 2007

La vie normale et ordinaire de Ségo avec Sollers



Quel remède ? Si l'on n'échappe pas à la vie normale, faudrait-il donc courber la tête, souffrir en silence ? Guillaume Le Blanc n'entonne pas le grand air de la résignation. Car, à défaut de voie royale, il discerne, et désigne, mille et trois chemins de traverse. La vie ordinaire, le quotidien résistent à leur façon à la contrainte de la norme unique. Chacun se bricole une solution temporaire et locale - mais ces inventions minuscules sont innombrables. Elles finissent, sans tapage, par transformer la vie en un jeu différent. L'ordinaire devient une ruse de l'existence contre les normes. On détourne un objet, un usage, un lieu, un mot, un geste. Cette multitude de tâtonnements et d'expérimentations, la philosophie doit apprendre à les voir et à les comprendre.

Sur ce point, un vrai tournant est en train de s'amorcer. Délaissant les nobles nuées, une constellation de philosophes se préoccupent à présent de la vie ordinaire, du quotidien, de leur déroulement réel. Ils n'affirment plus que la biographie du philosophe se résume à la formule canonique : " il est né, il a travaillé, il est mort ". Ils s'avisent au contraire que la même personne a descendu la poubelle, pris le métro, a fait l'amour dans sa véranda, lu le journal au café, oublié son parapluie ou bien rencontré Ségo. Et s'il y avait, dans ces trajets et ces gestes récurrents, bien des découvertes à faire ? Si le quotidien - longtemps indigne, opaque, négligeable - devenait matière à penser ? Quelques penseurs commencent à découvrir combien cette démarche pourrait provoquer de changements dans la philosophie. Prendre en compte philosophiquement les processus de la vie ordinaire, à la fois "bien connus" et "inconnus", voilà qui déconcerte bien des façons courantes de voir.

Aucun commentaire: