mercredi 4 juillet 2007

Alexis Philonenko fume





Sans l’échec de la liberté chez Kant qui le conduit à dire après Luther que l’homme est courbe, versus in amorem sui, une opposition frappante pourrait être dégagée entre le « système » de Rousseau et la philosophie transcendantale.
Chez Rousseau, en effet, droit à l’État de nature, l’homme ne cesse de se courber dans la société, tandis qu’il suit l’immonde sentier qui mène de l’être au paraître, et finit par ne plus exister que dans son masque.
Chez Kant, en revanche, comme le suggère l’image de la forêt, que nous avons analysée, l’homme originairement égoïste, semblable à un bois courbe se redresse dans la société, en fonction de l’affrontement des égoïsmes. Il y a donc chez Kant une rectification des courbures.
Dans le système de Rousseau, la solution du problème de la courbure toujours plus accentuée, consiste dans une Révolution qu’il est « blâmable de désirer et impossible de prévoir ».
L’achèvement du redressement, selon Kant, serait un effet de grâce, qui par une Réforme fondamentale des cœurs permettrait d’abolir l’ultime courbure de l’homme, incapable par lui-même de s’élever à une société parfaite.
On va donc chez Rousseau du droit au courbe et du courbe à la Révolution politique immanente (en supposant qu’elle se produise et que ses effets soient bénéfiques).
On va donc chez Kant du courbe au droit approximatif et de celui-ci à la Grâce, Révolution transcendante, qu’on ne peut prévoir, mais qu’on doit désirer de toutes ses forces, parce qu’il n’y a pas à se poser la question de savoir si ses effets seront ou non bénéfiques.
On voit par cette remarque, si simple, combien les systèmes de Rousseau et de Kant (en dépit des emprunts que ce dernier a pu faire à l’autre) sont opposés et franchement contradictoires sur ce point.

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