mercredi 18 novembre 2009

Pierre Falardeau fume



«Ah oui ! Falardeau, toujours aussi subtil ... avec ses gros sabots y veut nous faire passer des ... p'tits messages.» Je ne me rappelle pas très bien qui a dit qu'en art il fallait cultiver ses défauts, surtout ses défauts. Mais dans un cinéma qui en général ne cherche qu’à faire cinéma, c'est-à-dire à amuser et à faire joli, on a l'air de passer des messages si on essaie de parler de quelque chose. Comme pour la subtilité. La plupart des films sont d'ailleurs tellement gros ou tellement subtils que dans les deux cas on se demande de quoi ça parle.

« Pour terminer… ton principal problème... c'est que t'écoutes pas. » Oui j'écoute, mais je ne crois pas à un film réalisé par deux cent cinquante personnes dont la femme de ménage de Truffaut. Je ne crois pas non plus à un orchestre symphonique dirigé par son conseil d'administration.

J’arrête là. Comme dirait mon ami Gaëtan Hart, je commence à en avoir «ras-la-bol» de toujours être obligé de tout justifier année après année, chaque mot, chaque point, chaque virgule. J’en ai plein le cul de me faire parler de la psychologie des personnages, moi qui déteste le psychologisme bourgeois. Je crois à la psychologie de la situation, à la psychologie de l'action. Je me sens comme un moine tibétain qui radote avec son moulin à prières. J'ai l'impression de réécrire le même papier depuis vingt-cinq ans, de répéter les mêmes évidences grossières en réponse aux mêmes remarques absurdes. Je suis là à me répandre sur le papier, à exposer mes états d'âme, à arroser mon projet de mes larmes de martyr comme Solange Chaput-Rolland pleurnichant sur l'épaule de ses lecteurs, deux ou trois fois par année, depuis bientôt un demi-siècle, Solange Chaput-Rolland ! Quelle horreur !

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