samedi 8 septembre 2007

Daniel Bouton fume



Le PDG de la Société générale analyse le mécanisme de la crise financière et affirme la pertinence du modèle de développement de sa banque.


LE FIGARO. – Comment analysez-vous la crise financière qui a secoué les marchés cet été ?
Daniel BOUTON.Nous avons assisté à une succession de trois crises. La première, banale dans l’histoire économique, est la conséquence de l’éclatement d’une bulle. C’est la prise de conscience par les acteurs financiers des difficultés réelles du marché immobilier américain des subprime, ces crédits accordés aux ménages modestes, plus importantes que ce qu’ils croyaient. La deuxième est plus grave: c’est celle du rating. L’inquiétude des marchés a fait fi de la sérénité que sont censées entretenir les agences de notation lorsqu’elles évaluent le risque d’une créance. On s’est mis à douter et à contester leur appréciation. Enfin, la confiance s’étant évaporée, il y a eu une crise de liquidité, qui s’est matérialisée le jour où le marché du papier commercial canadien a été fermé.
Les banques centrales ont-elles bien réagi ?
Oui. Leurs interventions ont été très opportunes: en injectant des liquidités, elles ont réagi au bon moment, en utilisant les bons instruments, ce qui a permis de prendre le contrôle de la situation. Je précise que, contrairement à ce que pourrait croire le grand public, elles ont prêté et non donné de l’argent aux banques. Il n’y a ni cadeau ni risque d’inflation.

BNP Paribas a-t-elle eu raison de geler deux fonds ? Cela n’a-t-il pas joué un rôle d’accélérateur ?
Je ne souhaite pas commenter les initiatives des uns et des autres.

Peut-on considérer aujourd’hui que la crise a été surmontée ?
La situation est sous contrôle, même si on ne peut pas exclure un incident quelque part dans le monde. La liquidité interbancaire, qui n’a pas été affectée sur le court terme, commence à se rouvrir progressivement sur le moyen terme. Il faudra quelques mois pour que la situation revienne à la normale sur les autres compartiments.

Cette crise aura-t-elle un impact sur les résultats des banques ? Et sur ceux de la Société générale en particulier ?
Concernant notre exposition à la crise des subprime nous avons communiqué début août. Les données n’ont pas évolué. Le groupe est exposé, indirectement et de manière marginale, sur différentes activités : titrisation, dette LBO et mortgage. En terme d’activité, certains compartiments de banque de financement et d’investissement comme la titrisation ou les activités de trading ont naturellement été affectées au mois d’août. D’ailleurs, il ne s’agit que d’une fraction de la banque d’investissement. Globalement, notre modèle économique est solide et notre stratégie porteuse, avec une banque de détail forte en France et une banque de financement et d’investissement dont les résultats dans le temps nous permettent de développer de nouvelles activités en forte croissance comme la banque de détail à l’étranger et les services financiers spécialisés. Ce modèle assure la diversification de nos revenus. Pendant les périodes de crise comme celle que nous vivons, il démontre toute sa capacité de résilience. La banque de détail en France continue à croître au rythme de 4% par an. Nous sommes également très présents sur les économies émergentes.

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