jeudi 20 septembre 2007

Airy Routier fume en pédalant



Autant l'avouer d'emblée : le gros beauf que je suis aime conduire sa voiture, y compris en ville, parfois - double transgression, dans l'air implacable du temps - en fumant un cigare. Un plaisir d'autant plus grand que j'en ai été officiellement privé, m'étant fait retirer mon permis après avoir perdu tous mes points, «victime» d'une répression que je considère aveugle, je m'en suis expliqué dans un livre (La France sans permis, Ed. Albin Michel) qui a fait polémique jusque dans les colonnes de ce journal. Mais, n'en déplaise aux ayatollahs toujours prompts à diaboliser pécheurs et mal-pensants, je suis en même temps un adepte du scooter et du ... vélo !
Le vélo, d'accord, mais avec des limites : pas question d'arriver trempé, essoufflé, le coeur battant. Les quelques tentatives de parcourir, matin et soir, les 11 kilomètres qui séparent ma véranda du «Nouvel Obs» resteront sans lendemain. Pas question, non plus, de s'affubler de l'attirail ridicule du parfait cycliste, avec casque et pinces à vélo. Heureusement, grâce à Decaux, tout a changé, à commencer par le vélo. Il est costaud, simple et robuste, accessible sans avoir à lever trop haut la patte, doté d'une vraie béquille et de trois vitesses bien étagées, ce qui est largement suffisant. Surtout, cette idée de le poser ici et de le rendre là est épatante. Encore faut-il pouvoir le décrocher : n'ayant pas reçu mon pass annuel, alors que j'ai envoyé en juillet mon chèque de caution de 150 euros à la mairie de Paris, j'en suis donc réduit à demander des tickets à la journée. Cela ne fonctionne, avec moi, que par à-coups.
Autre problème : comment rendre son vélo lorsque aucune place n'est libre à la station de destination ! Mais si l'on oublie ces bugs inévitables en période de rodage, quel plaisir de pédaler tranquillement sur de courtes distances, le nez en l'air et parfois le cigare au bec (pour couvrir les odeurs d'échappement). Sans se soucier des embouteillages. Ni de trouver l'endroit idoine pour éviter le vol ou la dégradation de son propre engin ! Pas question, cependant, d'afficher la moindre connivence avec les autres bobos à pédales : monter sur un Vélib', ce n'est pas forcément voter Delanoë ou écolo. C'est juste utiliser le moyen de transport urbain le plus fun du moment, même s'il est l'un des plus dangereux. Attention, cependant, les beaux jours sont peut- être derrière nous : «Pas d'indulgence pour les cyclistes», titrait récemment «le Monde» qui racontait comment l'utilisation du vélo ne mettait pas à l'abri des contraventions. Arrivent les heures plus sombres, avec le mauvais temps et la répression qui nous guette. Même à vélo, même à Vélib'.

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