samedi 30 janvier 2010

Angelina Jolie fume



Chaque année, il faut dire que l’orchestre y met du cœur. On change un peu les paroles, mais ce sont toujours plus ou moins les mêmes musiques. On rit, on s’amuse, on en redemande. Donnons quelques exemples de rengaines, histoire de savoir de quoi nous parlons. Une trouvaille récente : La Bibliothèque nationale de France vient de créer un nouveau prix littéraire, destiné à récompenser un écrivain majeur d’aujourd’hui. Il a été décerné au printemps dernier. Qui est l’heureux lauréat ? Philippe Sollers. Et qui figure dans le jury du prix ? Julia Kristeva, épouse de l’heureux lauréat. Très joli, bravo. Quelqu’un s’est-il ému qu’une institution d’état fonctionne tranquillement au népotisme ?

Il est vrai qu’on a là une figure récurrente du folklore. Pour ne donner que deux autres exemples, Yannick Haenel et François Meyronnis publient en 2005 Poker, un livre d’entretiens avec Sollers, précédé de quelques pages d’adoration lyrique (”Il y a en effet chez Sollers [...] cette force d’acuité qui lui permet d’avoir accès aux expériences verbales les plus extrêmes” ; “l’étrange individu nommé Philippe Sollers est capable de jouir des tourbillons de la case vide ; il est donc le mieux placé pour entendre Yannick Haenel, me dis-je, avec une extravagante modestie”). Et qui publie ce livre d’adoration envers Sollers ? Mais Sollers, bien sûr, dans sa collection de “L’Infini”. Pas mal. Peu de temps après, le prix Décembre couronne Yannick Haenel, pour un roman publié dans la collection “L’Infini”. Et qui figure dans le jury du prix ? Philippe Sollers, éditeur de l’heureux lauréat. Car toute peine mérite salaire. C’est à ce prix qu’on arrive

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