dimanche 25 juillet 2010

Sollers transpire, mais jamais en colère



On était alors dans la deuxième quinzaine du mois de juillet, quand les grandes chaleurs de l'été atteignent la barre des 40°C, et, comme tous les hommes corpulents, Sollers supportait mal la température et transpirait abondamment. Vêtu d'une chemise bleue à manches courtes et d'un caleçon en lin à mi-mollets, le ventre protégé par une grosse ceinture en laine, il s'était installé à l'arrière de la maison, au bout d'une véranda que la dernière inondation avait recouverte de boue, assis en tailleur devant la tablette qu'il avait apportée. En bondissant sur son épaule toute ronde, amas de chair s'élevant telle un colline, Martine avait sorti ses griffes pour éviter de glisser à terre. Et, à travers la chemise bleue en coton froissé, les griffes transperçaient la peau halée de  Sollers, d'où ses hurlements, "aïe, tu me fais mal !", suivis des "hé, ho ! tu descends, ou quoi ?", accompagnés d'ébrouements, l'épaule basculant de-ci, de-là, ce qui poussait Martine à s'accrocher encore plus fermement pour ne pas tomber, de sorte qu'à la fin des gouttes de sang commençaient à imbiber le tissu. Jamais pourtant Sollers ne se mettait en colère, se contentant de marmonner que Martine exagérait un peu.


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