lundi 15 mars 2010

Il purge les cerveaux humains


« Ah sans la pipe la vie serait aride, sans le cigare, elle serait incolore, sans la chique, elle serait intolé­rable », écrivait Flaubert. Ça n'était pas une boutade. Retirer d'un coup son clope à un grand angoissé, c'est comme enlever ses bouées à un petit enfant. Le narrateur d'Extension du domaine de la lutte, gros fumeur, répond par une paire de claques à une collègue qui le sermonne sur le tabac. « Moralité , écrit Houellebecq : essayez d'empêcher un grand mélancolique dépressif de fumer, et l'on ne répond plus de ses actes.»

Et pourtant, fumer tue. Il est bon de le rappeler. Grâce aux messages apposés sur les paquets de tabac, écrit Simon Leys, «les fumeurs bénéficient d'une sorte de supériorité spirituelle sur les non-fumeurs : ils ont une conscience aiguë de notre commune mortalité ». Une manière de memento mori, cher aux sages de l'Antiquité, un équivalent du « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière » du mercredi des Cendres. Est-ce un péché de fumer ? Les théologiens catholiques se sont emparés de la question. Réponse : non, à condition de ne pas dépasser quatre cigarettes par jour. Autrement dit : vive le plaisir de fumer, mais attention à ne pas tomber en esclavage.

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