lundi 12 octobre 2009

Pascale Guinet fume


"Les courtisanes, nous les avons pour le plaisir ; les concubines, pour les soins de tous les jours ; les épouses, pour avoir une descendance légitime et une gardienne fidèle du foyer." Souvent citée, cette phrase attribuée à Démosthène a le mérite de la clarté. Un peu trop peut-être. Comme l'explique en effet l'anthropologue Claude Calame dans l'entretien qui sert d'introduction au recueil, la courtisane, dans l'Antiquité, n'était pas "opposée terme à terme" à la femme mariée. Notant que la condition juridique de l'épouse légitime a varié selon les lieux et les époques, l'universitaire rappelle que les statuts des femmes libres, esclaves ou affranchies se situant "en marge du mariage" furent, eux aussi, très divers.

De la fille publique "dégouttante de vin et de parfums, pâle, fardée, embaumée comme un cadavre" et rôdant dans "les lieux qui craignent la police" (Sénèque), aux riches hétaïres admises dans l'intimité des puissants - telle cette Thaïs qui fit chavirer les coeurs d'Alexandre le Grand et du roi égyptien Ptolémée Ier -, l'ensemble de la "profession" est ici représentée. On notera au passage la richesse lexicale du latin, qui faisait la différence entre les ambulatrices, appelées ainsi car elles racolaient en sillonnant les rues, les prosedae qui, au contraire, restaient devant leur porte, et les bustuariae, qui préféraient sévir dans les cimetières.

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