La continence, soyez-en bien certains, n'est que la vertu des sots et
des enthousiastes ; elle a beaucoup de dangers, aucuns bons effets ;
elle est aussi pernicieuse aux hommes qu'aux femmes ; elle est nuisible à
la santé, en ce qu'elle laisse corrompre dans les reins une semence
destinée à être lancée au-dehors, comme toutes les autres sécrétions. La
corruption la plus affreuse des mœurs, en un mot, a infiniment moins
d'inconvénients, et les peuples les plus célèbres de la terre, ainsi que
les hommes qui l'illustrèrent le plus, furent incontestablement les
plus débauchés. La communauté des femmes est le premier vœu de la
nature, elle est générale dans le monde, les animaux nous en donnent
l'exemple ; il est absolument contraire aux inspirations de cette agente
universelle d'unir un homme avec une femme, comme en Europe, et une
femme avec plusieurs hommes, comme dans certaine pays de l'Afrique, ou
un homme avec plusieurs femmes comme en Asie et dans la Turquie
d'Europe ; toutes ces institutions sont révoltantes, elles gênent les
désirs, elles contraignent les humeurs, elles enchaînent les volontés,
et, de toutes ces infâmes coutumes, il ne peut résulter que des
malheurs. Ô vous, qui vous mêlez de gouverner les hommes, gardez-vous de
lier aucune créature ! Laissez-la faire ses arrangements toute seule,
laissez-la se chercher elle-même ce qui lui convient, et vous vous
apercevrez bientôt que tout n'en ira que mieux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire